Thibaut Pinot est très attendu. L'été dernier, entre Belfort et Porrentruy lors de la 8e étape de la Grande Boucle, le Franc-Comtois s’était révélé au grand public avec une victoire d'étape. À 22 ans, le plus jeune coureur du peloton avait surtout terminé à la 10e place du classement général. Une vraie surprise pour son premier coup d'essai. Suffisant pour que le quotidien L’Equipe titre plus tard : « Pinot gagnera-t-il le Tour ? ».
« C’est quelqu’un qui se construit »
Depuis, il est devenu dans l’inconscient collectif, celui qui pourrait succéder à Bernard Hinault, dernière vainqueur français en 1985. Sauf que les livres de cyclisme regorgent de ces espoirs déçus. Mais Thibaut Pinot garde la tête sur les épaules. « Il est en confiance pour la suite, nous raconte Jacques Decrion, son entraîneur. C’est quelqu’un qui se construit et c’est loin d’être un feu de paille ». Il ajoute : « Il n’est pas insensible à ce que l’on raconte sur lui et il doit être flatté. Mais ce qu’il recherche avant tout, c’est des sensations sur son vélo ».
À quelques jours de cette nouvelle aventure, Thibaut Pinot s’est rassuré en prenant la quatrième place du Tour de Suisse (du 8 au 16 juin). Le jeune garçon qui n’a pas eu l’occasion de remporter une seule course cette saison, se dit soulagé de ce résultat. Après avoir pris la 6e place du contre-la-montre individuel, le meilleur chrono de sa carrière, il semble qu’il va aborder la Grande Boucle au meilleur de sa forme. « Je ne m’en fait pas pour lui. Depuis toujours, il gagne des courses dans la deuxième partie de saison », explique Jacques Decrion.
« Sa progression est logique depuis qu’il est junior »
Depuis le début de saison, Thibaut Pinot a couru à l’abri des regards et le plus souvent à l’étranger. Histoire de ne pas être systématiquement sous les feux des rampes et de continuer tranquillement à progresser. « Sa progression est logique depuis qu’il est junior, explique son entraîneur. Il s’entraîne dur et il est capable de supporter des grosses charges d’entraînement d’une année sur l’autre. C’est sa marque de fabrique ». La preuve : Thibaut Pinot a fait le Tour de Catalogne, où il prend une très bonne huitième place. Sur le Tour de Romandie en mai, il se classe 12e d’une course remportée par Christopher Froome.
Il reste à Thibaut Pinot des points faibles, notamment dans les descentes. « Je panique un peu dès qu’on dépasse les 80 km/h et au Tour de Suisse, c’est vrai que nous avons eu de belles descentes, avec des routes larges, et des courbes très rapides », avoue-t-il. « Avec de l’expérience et de la confiance, il va gérer », répond en écho Jacques Decrion.
Que peut-on souhaiter à ce grimpeur pour ce Tour si particulier, 100e édition oblige ? « Rentrer encore une fois dans le top 10, lance Jacques Decrion. On doit valider un exploit avant de dire que l’on va faire encore mieux », continue celui qui l’entraîne depuis sept ans. Cette fois, le public saura reconnaître sur le bord des routes Thibaut Pinot, attendu un peu comme le successeur...