Par Antoine Raguin
Août 2004. Les Jeux Olympiques font escale à Athènes. Laure Manaudou, encore adolescente, fait une entrée fracassante dans la vie des Français. A seulement 17 ans, elle devient championne olympique du 400 mètres nage libre. C'est le premier titre de la natation française depuis... Jean Boiteux en 1952 !
Et celle que les journaux vont rapidement transformer en diva des piscines ne s'arrête pas là. Elle y ajoutera une médaille d'argent (800 mètres) et une autre de bronze (100 mètres dos). Une grande championne vient de naître. Une des plus grandes que le sport français ait jamais connu.
Dès lors, la pupille de Philippe Lucas connaît une ascension fulgurante, imposant une domination rare dans la natation féminine. De titre en titre, de record en record, la jeune surdouée éclabousse les bassins du monde entier de sa classe et de son talent. Elle atteint le sommet de sa carrière en 2006 et 2007. Championnats de France, d'Europe et du Monde, sur petit ou grand bassin, elle emporte tout sur passage. Avec Phillipe Lucas, elle forme un duo emblématique et devient l'égérie du sport français.
L'après Philippe Lucas
Si l'ascension a été fulgurante, le déclin le sera tout autant. Les feux de la rampe et le goût de la vie, qu'elle entend croquer à pleines dents, détournent la jeune femme de la rigueur requise. Elle commence à se lasser des interminables journées d'entraînement qui font son quotidien depuis l'âge de 14 ans. Ses histoires de cœur, ses problèmes avec Philippe Lucas, puis avec d'autres entraîneurs qui prennent le relais après le départ de ce dernier en 2007, font la une des journaux. Sollicitée par les annonceurs, Laure Manaudou se disperse. De Cannet en Roussillon à Marseille, en passant par Turin, Mulhouse ou encore Ambérieux, dans le club de son grand frère Nicolas, la nageuse enchaîne les clubs, mais la motivation et les résultats ne suivent pas.
Après avoir tutoyée les étoiles en Grèce et pendant les trois ans qui ont suivi, Manaudou sombre aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Trois courses, trois contre-performances. Les larmes qu'elle verse sur le bord du bassin sont le constat d'une évidence: les plus grandes heures de sa carrière sont derrière elle alors qu'elle n'a que... 21 ans.
Un nouveau départ
Elle prend sa retraite internationale un an plus tard, en septembre 2009, pour suivre Frédéric Bousquet, son fiancé, aux États-Unis. Des projets pleins la tête, elle devient maman d'une petite fille. C'est le début d'une seconde vie. Mais aussi le coup d'envoi d'une seconde carrière. Elle reprend la compétition en 2011 avec les Jeux Olympiques de Londres en ligne de mire. Malheureusement, les résultats ne suivent pas. Elle rate sa compétition et les Françaises la remarquent surtout lorsqu'elle étreint son frère Florent, vainqueur lui du titre olympique sur 50 mètres nage libre. Bien d'autres nageurs s'illustrent d'ailleurs sur la piscine londonienne, autant d'héritiers de celle qui ne reviendra plus sur les podiums olympiques.
Dans un dernier sursaut d’orgueil, Laure Manaudou obtient sa vingt-deuxième médaille d'or aux championnats d'Europe en petit bassin en novembre 2012. Ce sera la dernière. Après une longue hésitation, l'ancienne championne a annoncé mercredi 30 janvier la fin de sa carrière internationale... ainsi qu'une deuxième grossesse. A 26 ans, Laure Manaudou réfléchit encore à sa reconversion. Mais elle restera restera la pionnière d'une natation française inexistante sur la scène internationale jusqu'en 2004.
Aujourd'hui, si la France brille dans les bassins, avec des champions comme Alain Bernard, Yannick Agnel, Camille Muffat et son frère, Florent, c'est en grande partie grâce à l'émulation qu'elle a suscitée. Des jeunes champions unanimes d'ailleurs pour lui rendre hommage et la citer en exemple.