C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire Karabatic. En effet, la cour d'appel de Montpellier a apporté « un démenti cinglant » au procureur de la République en levant le contrôle judiciaire des mis en examen dans l'affaire des soupçons de match truqué. Avec cette décision, le champion olympique pourrait retrouver le chemin des terrains de handball plus vite que l'on ne l'imaginait. « C'est une étape importante parce que nos clients peuvent re-pratiquer leur métier », déclare son avocat Me Jean-Robert Phung.
Cela sonne donc comme une première victoire. « Nous sommes contents, soulagés, souligne l'avocat. La chambre de l'instruction confirme ce que nous disions depuis le début. Elle apporte un démenti cinglant au procureur et au juge d'instruction, alors qu'ils disaient avoir des preuves que le match a été truqué ». Il ajoute : « Ils (le procureur et le juge) ne veulent pas entendre la différence entre faute disciplinaire et faute pénale. Et la cour leur dit : "circulez, il n'y a rien à voir !" ».
Les joueurs vont pouvoir rencontrer leur dirigeant
La chambre d'instruction est donc allée au-delà des réquisitions du parquet général qui avait demandé d'assouplir les modalités du contrôle pour permettre aux joueurs mis en cause de pouvoir rencontrer les dirigeants de leur club. Dans le double arrêt, la cour a balayé le contrôle judiciaire, annulant l'interdiction faite aux mis en cause de rentrer en contact entre eux et avec le club (joueurs, staff, direction), et supprimant la caution qui leur était imposée. Ainsi, Luka Karabatic (25 000 euros) et sa compagne Jennifer Priez (13 000 euros) seront remboursés ou n'auront plus à payer leur caution. Idem pour Mladen Bojinovic (11 600 euros), Dragan Gajic (11 600 euro), Issam Tej (11 600 euros), Samuel Honrubia (9 000 euros), Nikola Karabatic (4 500 euros) et sa compagne Géraldine Pillet (4 400 euros).
Tous les joueurs vont désormais pouvoir rencontrer la direction du club de Montpellier. Ce sera certainement la porte ouverte à un licenciement « au cas par cas », comme le rappelle Me Michèle Tisseyre, l'avocate du club. Le contrat des joueurs prévoit que ni eux, ni leurs proches ne sont habilités à parier. En cas de licenciement pour faute, Nicola Karabatic pourrait rebondir rapidement dans un club européen. Dragan Gajic, seul joueur à avoir déjà été une nouvelle fois entendu par le juge, et qui nie avoir parié, avait lui obtenu dès vendredi dernier la levée de l'interdiction de voir ses dirigeants. Il les a rencontrés mardi et a été convoqué à un entretien préalable de licenciement le 7 novembre prochain.
Des joueurs toujours mis en examen pour « escroquerie »
Mais les handballeurs incriminés sont toujours mis en examen pour « escroquerie » et Me Phung a fermement l’intention d’aller plus loin. Il souhaite comprendre comment « un tel naufrage médiatico-judiciaire a été possible » et éventuellement trouver sur le plan judiciaire le moyen de le réparer. La prochaine étape pour toute l'équipe de défense du clan Karabatic avec Me Eric Dupond-Moretti est le passage des frères Karabatic devant le magistrat instructeur. Tous les deux sont convoqués le 7 novembre prochain.
Me Luc Abratkiewicz, défenseur de l'ex-Montpelliérain Mladen Bojinovic qui joue cette saison à Paris, souhaite faire valoir son hypothèse selon laquelle les joueurs avaient le droit de parier dans un bureau de la Française des Jeux. La réglementation qui n'a été changée qu'en juin par les instances du handball français, un mois après le match suspect, pourrait encore changer la donne dans cette affaire. « Je pense que le dossier du hand est en train de faire "pschitt" », estime Me Luc Abratkiewicz. Mais les contrats de travail des joueurs de Montpellier stipulent que les paris, sous quelque forme que ce soit, sont interdits aux joueurs comme à leur entourage.