Tutoyer le ciel de Londres et toucher de près les étoiles. Le rêve s’est concrétisé pour Renaud Lavillenie qui remporte l’or olympique du saut à la perche avec une barre à 5,97 mètres. Bjorn Otto et Raphael Holzdeppe complètent ce podium en sautant 5,91 m, le même que lors des derniers championnats d’Europe à Helsinki. Renaud Lavillenie, 25 ans, bat le record olympique (5,96 m).
Un bel hommage à Pierre Quinion
Seize ans après Jean Galfione, le sauteur qui s’entraîne en Auvergne, stakhanoviste jusqu’à installer un sautoir dans son jardin, rend un bel hommage à Pierre Quinion, le premier perchiste français à remporter l’or olympique aux JO de Los Angeles, en 1984, qui s'est donné la mort il y a tout juste un an. Il met aussi fin à une attente interminable en athlétisme, les derniers succès tricolores remontant aux JO d'Atlanta, avec Marie-José Pérec (200/400 m) et Jean Galfione pour qui Renaud Lavillenie « est un mec bien ».
Seul à avoir passé ses trois premières barres (5,65/ 5,75/ 5,85 m) au 1er essai, Lavillenie a ensuite tremblé. En effet, le vétéran allemand Otto et le jeune Raphael Holzdeppe ont franchi tous deux 5,91 m à leur première tentative, alors que lui-même échouait. Assuré de la médaille de bronze néanmoins, le Français décide de sauter directement à 5,97 m, avec deux essais à sa disposition. Il échoue au premier, avant de passer le deuxième. « J’étais dos au mur mais j’avais l’impression d’être en France. Il y avait une ambiance extraordinaire », avoue Renaud Lavillenie. Et il ajoute : « Il n'y a qu’avec l’adversité qu’on peut faire des choses extraordinaires. Franchir 5,97 m, c'est le moment le plus important de ma jeune carrière, c'est génial. »
Remettre les compteurs à zéro
Avec un physique atypique pour un perchiste (1, 77 m et 69 kilos), mais une course d’élan extrêmement rapide, Renaud Lavillenie, doté d'une explosivité remarquable fait partie d’une famille où la perche est une religion. Le grand-père, le père et le frère ont tous gouté à la discipline. Renaud, lui, avait passé le niveau international fin 2008, en indoor, et l’excellence dès l'année suivante avec 6,01 m, le 21 juin 2009 à Leiria (Portugal).
Mais même s’il est l’un des meilleurs de sa discipline, Renaud Lavillenie est souvent passé à côté de l’or. A Doha en 2010, favori des Mondiaux en salle, il échoue dès les qualifications. A Berlin en 2009 puis à Daegu en 2011, aux Mondiaux en plein air, de nouveau favori, il sauve l'essentiel, avec à chaque fois une médaille de bronze. Forcément déçu de la couleur.
Dès lors, Renaud Lavillenie comprend que « dans un grand championnat, on remet tous les compteurs à zéro ». Renaud Lavillenie qui refusait d’être considéré comme le favori numéro de ces JO 2012 a enfin trouvé la consécration. Cette ténacité lui offre une place au Panthéon de la perche mondiale.