Gainé dans sa redingote, bien droit sur sa selle, Hiroshi Hoketsu a l’air d’un jeune homme. Seuls les minces fils d’argent qui parsèment son épaisse chevelure noire et les quelques rides de son visage laissent deviner un âge avancé. A 71 ans, ce cavalier japonais est le plus vieux participant des Jeux olympiques de Londres. Alors qu’il concourt ce jeudi 2 août à l’épreuve de dressage avec sa jument Whisper, Hiroshi Hoketsu assure ne s’être jamais senti aussi bien physiquement.
Un athlète de 71 ans, voilà qui détonne dans des Jeux où, souvent, la jeunesse triomphe. Si le Japonais fait figure d’exception, ils sont cependant nombreux à dépasser largement l’âge moyen, situé autour des 30 ans. En équitation, et en particulier en dressage, près d’une trentaine de quinquagénaires sont ainsi en lice cette année. « En dressage, la moyenne d’âge se situe aux alentours de 40 ans. A 30 ans, on est jeune. Il ne faut pas une force surhumaine pour le pratiquer », explique Emmanuelle Schramm, directrice technique nationale au sein de la Fédération française d’équitation (FFE).
Certaines disciplines font même appel à des qualités propres aux plus âgés. C’est le cas du tir qui, contrairement à la plupart des sports, sollicite davantage la force mentale que physique. « La fatigue n’est pas physique mais psychologique, confirme Caroline Le Nost, de la Fédération française de tir. Il faut se concentrer sur un objectif précis et les épreuves sont longues, certaines durent 1h45. Le tir exige une grande maîtrise de soi, beaucoup de patience. Ce sont des qualités qu’on retrouve surtout chez les plus âgés ».
Le doyen de l’histoire des Jeux Olympiques, le Suédois Oscar Swahn, était d’ailleurs un tireur. En 1908, il remporte deux titres en tir au cerf courant. Il a alors 60 ans et ce sont ses premières médailles. Il récidive quatre ans plus tard, puis encore en 1920, à 72 ans.
S'entraîner continuellement
Plus généralement, on retrouve les vétérans dans les sports d’endurance – marathon, triathlon, golf... « Ce sont des sports qui ne sont pas trop traumatisants et où le niveau d’entraînement est le même quel que soit l’âge », explique le docteur Kathleen Bojoly, médecin du sport à Lyon.
Mais ils sont aussi quelques uns à vouloir défier le poids des années dans des disciplines dominées par des adversaires plus jeunes. A plus de 40 ans, l’escrimeuse française Laura Flessel a ainsi participé cette année à ses derniers JO – elle a été éliminée au deuxième tour. En 2008 à Pékin, la cycliste française Jeannie Longo avait 49 ans.
Comment expliquer cette longévité ? Pour le docteur Kathleen Bojoly, elle est liée à une hygiène de vie rigoureuse. Surtout, les athlètes qui parviennent à conserver un tel niveau d’excellence sont ceux qui n’ont jamais cessé de s’entraîner. « A partir de 35 ans, il y a un déclin des forces physiques. Mais l’entraînement continu permet de limiter ce déclin des capacités cardiaques et musculaires », assure le médecin.
Hiroshi Hoketsu effectue ainsi chaque jour des exercices musculaires. Depuis sa première participation aux JO, en 1964, son poids n’a pratiquement pas varié : 62 kilos pour 1,68 m. « En dressage, c’est difficile de débuter, mais ensuite, on peut monter jusqu’à sa mort », ironise Emmanuelle Schramm, de la FFE. S’il ne compte pas forcément aller jusque là, le doyen des Jeux de Londres songe en tout cas déjà à ceux de Rio, dans quatre ans. Il aurait alors 75 ans et battrait le record du plus vieil athlète olympique de l’histoire.