« Ce n’est pas important pour moi de rentrer dans l’histoire ». La simplicité de Tony Estanguet est toujours aussi déconcertante. Pourtant, le Palois devient le premier Français champion olympique pour la 3e fois dans la même épreuve en remportant le canoë de slalom (C1) aux JO de Londres, mardi 31 juillet sur le bassin de Lee Valley. Après 2000 à Sydney et 2004 à Athènes, c'est la consécration.
Michal Martikan, l'adversaire de toujours
« J'ai essayé de me boucher les oreilles (en attendant dans l'aire de départ alors que son principal rival, le Slovaque Martikan, s'est élancé, ndlr). J'ai entendu qu'il avait pris la tête, mais je suis resté centré sur ma ligne en faisant abstraction de la concurrence. Cela chamboule pas mal au niveau de ce que je ressens, j'ai dû mal à tout maîtriser, je suis tellement privilégié de vivre cela, mais cela ne joue pas à grand chose, c'est terrible ce sport », a déclaré le Français.
Agé de 34 ans, Tony Estanguet avait déjà été titré à trois reprises lors des championnats de monde (2006, 2009, 2010), sans compter ses trois titres de champion d’Europe et ses dix titres de champion de France. Aujourd'hui, il devance l'Allemand Sideris Tasiadis, meilleur temps de la demi-finale, et son éternel rival, Michal Martikan, sacré à Pékin. En chine, Tony Estanguet avait été porte-drapeau de la délégation française et avait commencer avec le sourire ses troisièmes JO. Mais la tristesse l’avait vite emporté. Il n’avait même pas eu l’occasion d’atteindre la finale. Une olympiade plus tard, la remise en question a payé.
Tony Estanguet et Michal Martikan se sont partagé les quatre derniers titres olympiques. Adversaires depuis les années juniors, les deux champions vont-ils poursuivre cette rivalité jusqu'en 2016 ? « Ce n'est pas sérieux de parler du Brésil aujourd'hui (JO 2016, ndlr). C'est vrai qu'on est plus près de la fin, mais c'est une décision à prendre plus tard. Probablement la plus difficile », note Tony Estanguet.
Une histoire de famille
Tony Estanguet avait dû batailler dur pour arracher sa place à Londres. Il y a quelques mois, dans le bassin de Pau, sa ville natale, il s’était défait de Denis Gargaud, concurent principal en avril. « J’ai quelques cheveux blancs qui ont poussé, je reviens de loin », avait avoué le champion français. Dès lors, il lui restait peu de temps pour récupérer et préparer sereinement ce nouveau rendez-vous olympique.
Aujourd’hui, s'il en est un qui doit être fier de lui, c’est sûrement son frère aîné, Patrice, médaillé de bronze à Atlanta qui a été balayé par le jeune Tony lors des qualifications pour les JO de Sydney en 2000. Après l’échec de Pékin, Patrice Estanguet s’est rapproché de son frère et a pris en charge la stratégie de course. L’histoire de famille ne s’arrête pas au frangin puisque le père Henri Estanguet et son autre frère Aldric Estanguet ont tous pratiqué le canoë ou le kayak.
Après cette très belle médaille d’or, Tony Estanguet va tenter de se faire élire à la commission des athlètes du Comité international olympique qui aura lieu pendant la compétition. Une candidature officialisée le 15 mars dernier par Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français. Avant lui, le judoka David Douillet, la joueuse de tennis Amélie Mauresmo et le skieur Antoine Dénériaz s'y étaient cassé les dents. Seuls quatre athlètes ayant participé aux JO de Pékin ou encore en activité lors de ceux de Londres seront élus. Les JO de Tony Estanguet ne sont donc pas terminés.