Londres 2012 : le nouveau défi de Tony Estanguet

Tony Estanguet, double champion olympique et triple champion du monde de canoë-kayak (slalom), se prépare pour les qualifications des JO de Londres 2012, en avril. Après son échec aux Mondiaux de Bratislava en septembre 2011, le porte-drapeau de la délégation française en 2008 à Pékin doit retrouver son niveau et ses sensations. Rencontre avec un des sportifs français les plus titrés au moment où il commence sa préparation.

Visage serein, teint bronzé, sourire aux lèvres, Tony Estanguet s’apprête à affronter une longue ligne droite. Celle qui l’emmènera vers Londres 2012. Le double champion olympique et triple champion du monde de canoë-kayak, qui est passé à côté de ses derniers championnats du Monde à Bratislava en septembre 2011, se tourne désormais vers son prochain objectif : la qualification pour les JO. Un vrai challenge. Tony Estanguet doit retrouver son niveau.

En effet, avant Bratislava, il avait déclaré à la République des Pyrénées « partir dans l’inconnu » et « souffrir du dos ». Tony Estanguet recherche les mêmes sensations qui lui ont permis de conquérir très facilement le titre européen en juin dernier en Espagne. A 33 ans, le Palois doit s’imposer face à Denis Gargaud, champion du Monde à 24 ans. Une seule place sera attribuée dans sa discipline. « La performance de Denis est à saluer, je m’étais beaucoup entraîné pour ces Mondiaux, la pilule a été difficile à avaler. » De son côté, Denis Dargaud a déclaré à l’issue de sa victoire : « Je n'ai battu Tony qu'une fois pour l'instant. C'est lui qui reste un grand champion ».

Tony Estanguet, membre du Team EDF, est déjà reparti sur un rythme d’entraînement intensif. Six jours sur sept, à raison de deux séances par jour. Histoire de prouver que « l’ancien » est toujours compétitif. Cette phase de qualification en avril 2012 n’aura pas lieu n’importe où. Ce sera dans sa ville natale de Pau, sur un bassin qu’il connaît bien. « Je sais que je suis très attendu. C’est un très beau défi et j’y vais avec envie. J’ai déjà une belle carrière et si je passe à côté (des JO, ndlr), ce ne sera pas la fin du monde ».

Sydney, un moment très particulier

La carrière de Tony Estanguet a sérieusement débuté en 1997 au Brésil. Le début de l’apprentissage du haut niveau. Là, il croise la route du Slovaque Michal Martikan qui comme lui, sera aussi double médaillé d’or olympique. Ensemble, ils écriront l’une des plus belles histoires du sport moderne. Leur duel est légendaire.

De ses premiers jeux à Sydney en 2000, Tony Estanguet parle avec exaltation. « C’est le début de l’histoire. Le rêve, c’était d’être champion olympique. Dans ma carrière, c’est un moment très particulier. » C’est aussi le moment où il reprend le flambeau familial. Son frère Patrice a aussi noirci les lignes des palmarès mondiaux. Chez les Estanguet, le canoë-kayak est une religion.

Lors des JO d’Athènes en 2004, le défi est différent. « J’étais là pour gagner, rentrer dans le club des défis sportifs ». Il remporte la médaille d'or face à Michal Martikan. Tout s’est joué à douze centièmes de seconde. « Entre ces deux olympiades, je n’ai pas vu le temps passer. Beaucoup disent que c’est trop long, moi cela me va très bien. Franchement, je ne pensais pas en arriver là il y quinze ans ».

Les JO de Pékin entre ombre et lumière

Même si sa saison 2007 est en demi-teinte (vice-champion du Monde au Brésil derrière Michal Martikan), il décroche tout de même son ticket pour Pékin.

Il est choisi comme porte-drapeau de la sélection française. « Un moment énorme, un moment à part ». Malheureusement, éliminé à la surprise générale en demi-finale de la compétition, il voit s’envoler une troisième médaille d'or consécutive dans une même discipline. Un exploit toujours inédit en France.

Ses participations aux Jeux Olympiques et la place du sport dans sa vie lui ont donné envie de se présenter à la commission des athlètes du comité international olympique (CIO). L’élection aura lieu en marge des JO de Londres, en août 2012. La candidature du Palois fait suite aux échecs de David Douillet (2004), Amélie Mauresmo (2008) et Antoine Denériaz (2010).

«J’ai une vie de rêve»

Londres 2012 arrive donc à grand pas. Selon Tony Estanguet, « ces JO devraient être de grands jeux. Contrairement à Pékin, les Anglais sont capables de mettre de la proximité avec les supporters. Les JO seront à nos portes, il y aura beaucoup de Français, c’est bien pour nous. »  Ayant participé aux pré-olympiques cet été, il a eu l’occasion de tester le bassin. « Ce sera piégeux, difficile, mais ça reste un beau défi ».

En cas de non sélection pour Londres 2012, Tony Estanguet mettra-il un terme à sa longue carière ? « Non, je n’y pense pas, je ne suis pas blessé, je suis toujours heureux de pratiquer, alors pourquoi arrêter. » Et d’ajouter : « J’ai une vie de rêve, j’ai l’occasion de voyager, de faire ce que j’aime, et les gens sont sympas avec moi. »

(Entretien réalisé à Paris le 1er octobre 2011 à l'occasion de la manifestation : une journée sur l'eau)

Partager :