Le Portugal est une équipe qui a besoin de temps. Poussifs avant l’Euro, les Lusitaniens ont changé de dimension durant la compétition. Brouillons face à l’Allemagne (0-1), les joueurs de Paulo Bento ont su monter en puissance pour atteindre les demi-finales. Mais s’ils veulent écarter l’ogre espagnol ce soir, ils devront encore élever leur niveau de jeu et s’appuyer sur leur star Cristiano Ronaldo.
Comme son équipe, le Ballon d’Or 2008 a mis du temps pour trouver la bonne carburation mais il a été l’auteur des trois buts de son pays face aux Pays-Bas (2-1), puis face à la République Tchèque (1-0). Le Madrilène ne devrait pas être trop dépaysé ce soir, sur le terrain de la Donbass Arena puisqu’il retrouvera quatre de ses coéquipiers (Arbeloa, Casillas, Ramos, Xabi Alonso) et cinq Barcelonais (Xavi, Iniesta, Piqué, Busquets, Fabregas) dans une rencontre qui pourrait avoir des faux airs de clasicos Real-Barça. Par sa maîtrise collective, l’Espagne 2012 ressemble encore plus que ses devancières au club catalan. Avec trois Madrilènes dans ses rangs (Pepe, Coentrao, Ronaldo), le Portugal reproduit lui plutôt le schéma du Real Madrid, un jeu plus physique basé sur le contre et profitant de la vitesse de ses ailiers supersoniques, Cristiano Ronaldo et Nani.
Opposition de styles
Sauf surprise donc, le Portugal devrait donc souffrir au milieu, malgré Raul Meireles, Joao Moutinho et Miguel Veloso, face à la toile d’araignée espagnole. Mais ne devrait pas se présenter en victime expiatoire. Il y a deux ans, en huitièmes de finale du Mondial sud-africain, il avait adopté une tactique similaire à celle de la France, samedi : défendre coûte que coûte en comptant sur un éclair de génie de Cristiano Ronaldo. La Roja avait patiemment épuisé son adversaire, avant de porter l’estocade pour une victoire étriquée (1-0).
Ragaillardi par un Euro prometteur, le Portugal est néanmoins convaincu qu’il peut faire plus que titiller l’armada ibérique ce soir. En conférence de presse, le sélectionneur Paulo Bento a paru sûr de son fait : « On sait ce qu’il faut faire. » « L’objectif ne sera pas de défendre tout le temps. On ne le fera pas. Il faudra presser partout, et tout le temps. Ce sera difficile, mais on sait qu’ils ont aussi leurs faiblesses. Il faudra jouer dans les zones du terrain où ils sont vulnérables. »
Les Portugais ont déjà réussi à malmener leurs voisins, dans le relatif anonymat d’un match amical de novembre 2010. Ce soir-là, les champions du Monde n’avaient rien pu faire face à la furia lusitanienne, et avaient dû subir une cinglante défaite (4-0). Certes, c’était il y a dix-neuf mois, mais les partenaires de Pepe et de Bruno Alves, ont encore certainement ce match en tête.
L’Espagne vise une troisième finale d’affilée
Les Espagnols paraissent néanmoins plutôt sereins. La Roja n’a pas le même rayonnement que durant le Mondial 2010 ou l’Euro précédent, mais sa maîtrise tactique et collective lui a pour le moment suffi pour écarter ses adversaires avec une relative facilité. S’appuyant plus que jamais sur sa conservation de balle (68% de moyenne sur cet Euro-2012) mais également sur une solidité défensive trop peu soulignée.
Défense la plus hermétique du tournoi (1 but encaissé face à l’Italie au premier tour), son expérience dans les matches couperets est également un avantage indéniable. Elle n’a plus perdu un match à élimination directe depuis le huitième de finale face à la France (1-3) lors de la Coupe du monde 2006. Seule (légère) ombre au tableau, l’hésitation de Vicente Del Bosque concernant la titularisation de son numéro 9. David Villa absent, le sélectionneur espagnol paraît ne pas avoir tranché entre Cesc Fabregas et Fernando Torres, auteur tous les deux de deux buts durant l’Euro, mais qui n’ont pas complètement convaincus. Pas de quoi lézarder la confiance des tenants du titre pour autant, conscients de l’enjeu. En cas de victoire ce soir, la Roja jouerait sa troisième finale d’affilée dans un tournoi majeur. Une première dans l’histoire.
De Cédric De Oliveira