JO 2012 : Teddy Riner, « j’ai encore faim »

A moins de cent jours des Jeux Olympiques de Londres 2012, nous avons rencontré Teddy Riner. Le judoka français, 23 ans, est le recordman du nombre de titres planétaires chez les hommes, avec 5 victoires en championnat du monde (+de 100 kilos). Il rêve desormais de décrocher aux JO de Londres son premier titre olympique après sa médaille de bronze à Pékin.

RFI: A moins de 100 jours du début des Jeux Olympiques, quel est votre sentiment ?
Teddy Riner : C’est un décompte journalier. Mais si l’on compte en mois, on va dire que c’est encore un peu loin. Même si les JO approchent à grands pas.

RFI : Vous y pensez tous les jours ?
Teddy Riner : Oui, dans tout ce que je fais j’y pense. Même plusieurs fois par jour. Et je me suis construit les meilleurs scénarios comme les pires. Même si je sais ce que je dois faire. Je m'entraîne beaucoup et je règle les derniers détails en attendant le jour J.

RFI : Quels sont ces scénarios ?
Teddy riner : Il y a le scénario où je gagne super bien. Celui où je gagne un peu moins bien et le pire, celui où je perds et ça me réveille la nuit...Oui, je n’aime pas la défaite, c’est quelque chose que je ne cautionne pas dans la vie. Mais au fur et à mesure de ma carrière, j’ai appris à perdre. Cela m’est arrivé deux ou trois fois. Cela m’a permis d’aller de l’avant, d’apprendre encore, d’arriver avec d’autres gammes dans ma palette. Des choses techniques qui ont fait la différence.

RFI : Comme à Pékin, est-ce que vous avez peur de perdre à Londres ?
Teddy Riner : Ah non, sûrement pas ! Même si Pékin m’a permis de rebondir, d’aller chercher d’autres médailles, de me construire. De grandir aussi car j’étais il faut bien le dire un peu jeune à l’époque. Pékin, c’est un mal pour un bien.

RFI : C’était peut-être un peu trop tôt pour vous.
Teddy Riner :
Je ne dirais pas tôt, même si cela l’était un peu pas rapport à mon âge. Pour moi, ce qui est pris n’est plus à prendre. Je suis quand même revenu avec une médaille de bronze. Maintenant, j’ai un peu plus d’expérience.

RFI : Est-ce une pression d’être l’athlète français le plus attendu pour une médaille d’or ?
Teddy riner : Non pas du tout. Pour l’instant il n’y a pas de pression de mon côté. Dans ma tête, Londres est encore un peu loin. Le fait de m’entraîner, de trouver de nouvelles solutions et de progresser techniquement, me permet de relativiser et d’évacuer cette pression. Franchement, je me sens bien.

RFI : Pourriez vous échanger vos titres mondiaux contre un titre olympique ?
Teddy Riner : Ah non, je n’échangerais aucun de mes cinq titres mondiaux contre une médaille olympique. Je sais comment cela a été dur et coûteux d'aller chercher ces médailles. C’est hors de question !

RFI : Pourquoi ne pas postuler pour être le porte-drapeau de l‘équipe de France ?
Teddy Riner : Je m’imagine très bien être porte-drapeau. Mais je ne pense qu’à Londres, je ne pense qu'au titre, je ne veux pas être pertubé. Je veux rester dans ma bulle, penser au tatami et au Kimono. J’ai encore faim et j’ai envie de cette médaille.

Propos recueillis par Farid Achache.

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