Athlétisme : Lamine Diack va garder les rênes de l'IAAF

A trois jours du début des Championnats du monde d'athlétisme à Daegu, l'homme politique et ancien sportif sénégalais Lamine Diack va être réélu à la tête de l'IAAF (Association internationale des fédérations d'athlétisme) lors du congrès de l'institution organisé ce mercredi 24 août 2011 dans la ville sud-coréenne. Seul candidat, l'ancien champion de France de saut en longueur va prolonger son bail (débuté en 1999) jusqu'en 2015, malgré les soucis financiers de l'Association.

En 2007, Lamine Diack avait assuré à tout le monde que sa réélection à la tête de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) signait le début de son tout dernier mandat. En quatre ans, le Sénégalais a donc eu le temps de changer d’avis et c’est à nouveau en tant que seul candidat qu’il verra son bail d’homme fort de l’athlétisme mondial prolongé jusqu’en 2015, ce mercredi 24 août. Pour ce 48e congrès de l’institution, à Daegu (Corée du Sud), personne n’a osé se présenter contre cet homme de 78 ans, exactement comme lors de ses trois scrutins précédents.

En 1999, c’est le décès de l’Italien Primo Nebiolo (président de l’IAAF depuis 1981) qui catapulte celui qui n’était alors que vice-président sur le trône de l’institution. Intérimaire jusqu’en 2001, il est alors confirmé par 168 votes, puis par 165 en 2003 et enfin 167 en 2007. De véritables plébiscites, en attendant la relève (voir encadré), qui s’expliquent peut-être par un parcours particulièrement riche.

Un saut à 7,63 m aux Championnats de France

Contrairement à la plupart des dirigeants haut placés dans les grandes institutions, Lamine Diack possède une réelle crédibilité sportive puisqu’il a longtemps pratiqué le saut en longueur, décrochant notamment un titre de champion de France en 1958 (le Sénégal n’a obtenu son indépendance qu’en 1960) avant d’occuper des fonctions de dirigeant dans le football sénégalais.

Après cela, il s’implique à la fois en politique, dans le Parti Socialiste de Leopold Sédar Senghor, et dans les institutions sportives du pays. Ministre de la jeunesse et des sports (de 1969 à 1973), puis de la promotion humaine (1973-76), il devient ensuite maire de Dakar (1976-78) et député socialiste (jusqu’en 1993). En parallèle, il occupe les postes de président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme (1974-78), du Comité national olympique et sportif sénégalais (1985-2002) et surtout de la Confédération d’Afrique d’athlétisme pendant 30 ans, de 1973 à 2003, date à laquelle il se consacre à son mandat à l’IAAF.

Rumeurs de faillite à l'IAAF

Mais contrairement à ce que les résultats des élections pourraient laisser penser, ce dernier n’est pas toujours rose. Fin 2009, le déficit annuel de l’institution est en effet d’une quinzaine de millions d’euros. En mars suivant, le trésorier français de l’IAAF, Jean Poczobut (qui quittera ses fonctions à l’issue du congrès de ce mercredi), le met en garde et le journal anglais Daily Mail évoque la possibilité d’une faillite, que Diack écarte d’un revers de la main tout en promouvant une politique d’austérité. Le nombre de fédérations bénéficiant d’une aide financière passe par exemple de 166 à 137 et le budget passe de 66 millions d’euros en 2008 à 51 millions en 2011.

Les critiques continuent à pleuvoir lorsque les championnats du monde en salle organisés à Doha, au Qatar, s’avèrent être un échec médiatique. Lamine Diack dévoile alors sa stratégie : puisque l’Europe s’intéresse moins à l’athlétisme, l’IAAF doit se tourner vers l’immense marché asiatique. Voilà pourquoi les Mondiaux 2011 se déroulent à Daegu, en Corée du Sud. Voilà aussi pourquoi Adidas et VTB (une banque russe) sont les derniers sponsors de l’institution ne venant pas de ce continent. Lamine Diack a donc une stratégie et il compte bien continuer à la développer lui-même. Voilà pourquoi il a souhaité se présenter à nouveau. Et peut-être, un peu, parce que 2012 sera l’année des Jeux Olympiques de Londres, et celle du centenaire de l’IAAF. Il aura ainsi l’occasion de marquer l’Association de son empreinte. S’il ne décide pas de démissionner avant. En effet, Lamine Diack n’a pas abandonné sa carrière politique : il devrait se présenter pour l’élection présidentielle sénégalaise, face à Abdoulaye Wade.

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