C’est une triste nouvelle pour le monde de l’athlétisme et pour le monde du sport en général. Le champion olympique de saut à la perche, Pierre Quinon, s’est suicidé le mercredi 17 août dans la soirée. Selon une source proche du dossier citée par l'AFP, Pierre Quinon s'est défenestré vers 22h. Il avait 49 ans. Pierre Quinon avait été médaillé aux Jeux de Los Angeles en 1984. Son président, Bernard Amsalem, a précisé : « L'information m'a été confirmée par des proches. » Le perchiste était installé dans le Var (sud de la France) depuis sa retraite sportive. Le parquet de Toulon a été saisi et l'enquête a été confiée au commissariat de police de Hyères (Var).
Fils d'un coureur de 800 m, Pierre Quinon avait débuté la perche à 14 ans. En 1981, il franchit une barre à 5,50 m et rejoint le groupe d'entrainement du Racing club de France dirigé à l’époque par Jean-Claude Perrin. Il aura l’occasion de côtoyer notamment Thierry Vigneron, détenteur du record du monde pendant six jours en 1981 avec 5,80 m. Il égalera cette performance dès l'année suivante, à l'occasion du meeting Nikaia de Nice (5,80 m).
Du record du monde à la peinture
Le 28 août 1983 à Cologne, Pierre Quinon établit un nouveau record du monde de la discipline avec 5,82 m, améliorant d'un centimètre la meilleure performance mondiale détenue par le Soviétique Vladimir Polyakov, avant de conquérir l'or olympique en 1984. La même année, à Göteborg, il remporte une médaille d'argent aux Championnats d'Europe en salle. Une entorse à une cheville, compliquée par une distension des ligaments, met ensuite un terme à sa carrière. Quinon, personnage qualifié d'atypique par le monde de l'athlétisme, raccroche définitivement en 1992 et se retire dans le Lavandou.
Après sa retraite sportive, Pierre Quinon s'était reconverti dans le commerce. Il possédait une rôtisserie dans la commune varoise. Depuis cinq ans, Pierre Quinon s’était mis à peindre après une rencontre « déclic » avec l'artiste Colin Raffer. « Je me suis toujours intéressé à la peinture, j'ai des maîtres, des modèles que j'admire particulièrement et qui forcément m'inspirent, comme De Staël ou Pollock », expliquait-il en 2010 sur son site internet. Depuis l’annonce de son décès, les réactions s’enchaînent.
La vidéo de son sacre à Los Angeles
Les réactions :
Sur le site Sport365, Renaud Longuèvre, ancien perchiste et actuel responsable du sprint de l’équipe de France a déclaré : « Je suis effondré, très triste. Je savais qu’il souffrait de dépression. J’avais passé le lendemain du meeting de Monaco une journée entière avec lui pour l’anniversaire de Stéphane Diagana. Début juin, on avait également fêté ensemble en Bretagne les 40 ans de Jean Galfione. On savait qu’il était dépressif mais on ne le croisait que dans des moments festifs. C’est dans les moments les plus difficiles qu’il était vulnérable. C’est ce qui a certainement dû se passer. J’ai commencé le saut à la perche en 1983 avec mon professeur de sport. Pierre Quinon a été champion olympique l’année suivante (ndlr : à Los Angeles). Il fait partie des personnes qui m’ont donné la passion du saut à la perche. Il m’a ébloui et marqué. C’était d’abord une idole. J’ai ensuite partagé sa dernière année d’entraînement à Bordeaux en 1992. Il faisait partie d’un cercle d’amis assez proche avec Stéphane Diagana et Jean Galfione. On vient de perdre un champion olympique, c’est une horreur. »
Bernard Amsalem, président de la Fédération Française d'Athlétisme (cité par Lequipe.fr) : «Je suis effondré. C'était un grand champion. Il était atypique dans le monde de l'athlétisme mais il était très attachant. On regrette cette perte. Récemment, il avait collaboré avec la Ligue Rhône-Alpes, qui a obtenu l'organisation des Mondiaux vétérans de 2015, à Lyon. Dans ce cadre-là, il s'est rendu à Sacramento, en Californie. Il était content de retrouver les gens de l'athlétisme. C'était d'ailleurs bien de l'associer à la famille de l'athlétisme comme cela avait été fait avec Jean Galfione ou Marie-José Pérec. »
Jean-Claude Perrin, ancien entraîneur de Pierre Quinon (cité par Lequipe.fr) : « C'est une nouvelle effrayante. Quand la vie disparaît comme ça, les titres et les records ne comptent plus. On est effrayé devant la détresse et surtout on pense à ses proches, à sa femme, à ses enfants et tous ceux qui l'aiment. On touche au domaine de la vie intime des individus. A ce qui touche l'âme. C'est souvent assez insondable. On s'occupe de sport, de centimètres, de millièmes de seconde, mais qu'est-ce à côté de l'immensité de la vie, surtout quand on la perd ? Ma détresse est très grande. Il avait pris de mes nouvelles il n'y a pas longtemps. Il me demandait toujours de ne pas trop en faire... Je garderai l'image de ce gamin aux cheveux blonds bouclés que j'ai vu quand il avait 12-13 ans lors d'une journée de détection dans la banlieue de Lyon. Il n'y avait pas besoin d'avoir fait de grandes études d'entraîneur de saut à la perche pour savoir qu'il était déjà totalement différent des autres. Quinon, c'était un type d'absolu. Il sautait d'une manière absolue, totale. Et dans la vie, il était à la recherche d'autres absolus. »