« El Pistolero » a tiré le premier. Dimanche 15 mai, Alberto Contador a assommé ses adversaires lors de la 9e étape, dont l’arrivée était jugée en haut de l’Etna. A sept kilomètres de la ligne, Contador a effectué une attaque fulgurante qui, comme l'a souligné le commentateur de la RAI, rappelle les grandes heures de Marco Pantani. Il prend donc les rênes de ce Giro et relègue son adversaire numéro 1, l’Italien Vicenzi Nibali (Liquigas, 4e au classement général), à une minute et vingt-et-une secondes. « C’est une victoire importante, une victoire spéciale parce que l’endroit est mythique. On est sur un volcan... Les photos seront très belles ! » a-t-il déclaré à l’arrivée.
Les coureurs italiens dépités
Ce premier rendez-vous avec la haute montagne a marqué les esprits et chacun espère que le Madrilène n’a pas déjà tué la course. Le Giro est encore long, mais franchement on se demande bien qui va pouvoir déstabiliser le coureur espagnol. L’Italie, qui fête le 150e anniversaire de son unité, compte sur le talentueux Vicenzo Nibali pour apporter la victoire finale. L'enfant de la Sicile, un peu déçu, déclarait à l’arrivée : « Contador a montré qu'il était un cran au-dessus. Scarponi a essayé de le suivre et il l'a payé ensuite. On savait que Contador était fort. Maintenant, c'est à lui, à son équipe, de contrôler la course et, jusqu'à Milan, ce sera difficile. »
L’autre prétendant, Michele Scarponi (Lampre-ISD, 5e au général à 1'28''), affirmait : «Je suis déçu et c'est normal. Contador a réussi une belle démonstration. Pour le suivre sur son premier démarrage, j'ai dû me mettre dans le rouge, j'espérais récupérer dans sa roue mais il a accéléré de nouveau et je n'ai pas pu tenir. J'ai même eu du mal à suivre le groupe ensuite. Alberto (Contador) a montré qu'il était le plus fort mais il reste encore beaucoup à faire avant la fin. »
Grand battu du jour, le Russe Denis Menchov, vainqueur du Giro 2009, a cédé plus de deux minutes, tout comme les Espagnols Carlos Sastre et Joaquin Rodriguez.
Et maintenant...
Le Madrilène, invaincu dans les grands tours depuis 2007, doit-il prendre en main la course ? Sa stratégie n’est peut-être pas encore définie et il a laissé planer un doute sur sa volonté de garder le maillot rose dans les prochaines journées. En tout état de cause, Alberto Contador a pris un avantage psychologique durant la fin de cette première semaine de course. Dès les prochaines étapes de montagne, les autres prétendants vont devoir abattre leurs cartes, au risque de perdre définitivemment le Giro. L'Espagnol est redoutable dans les contre-la-montre, l'attaquer en montagne reste donc une des seules possibilités. Contador, lui, a surtout rappelé qu'il avait pour objectif de prendre du temps sur ces rivaux et c’est chose faite. Reste à savoir s'il lui reste des munitions pour achever ses adversaires.