C’est un Laurent Blanc détendu et blagueur qui s’est présenté à sa première conférence de presse précédant un match de l’équipe de France de football. Le nouveau sélectionneur a dévoilé une liste de 22 joueurs pour le match amical du 11 août, en Norvège, dans un style tranchant avec celui de son prédécesseur, Raymond Domenech.
Dans un auditorium de la Fédération française de football (FFF) bondé, Laurent Blanc a expliqué ses choix pendant une heure aux médias. Les 23 mondialistes étant suspendus à cause de la grève en pleine Coupe du monde 2010, l’ex-entraîneur de Bordeaux a puisé dans le vivier du championnat de France avec 16 éléments de Ligue 1. « Ce sont les mieux placés physiquement pour jouer un match de 90 minutes », a souligné l’intéressé, les autres grands championnats européens reprenant plus tard.
Benzema et la génération 87 de retour
Cela ne l’a pas empêché de rappeler plusieurs expatriés, absents durant le Mondial 2010, dont le défenseur de l’AS Rome, Philippe Mexès, l’attaquant du Real Madrid, Karim Benzema, et le meneur de jeu d’Arsenal, Samir Nasri. Ces deux derniers forment avec Hatem Ben Arfa et Jérémy Menez – convoqué malgré une blessure – la génération 87, championne d’Europe des moins de 17 ans en 2004.
Au sujet de Karim Benzema, mis en examen pour sollicitation de prostituée mineure, Laurent Blanc a été clair. Il ne l’écartera pas comme l’avaient réclamées les ministres Roselyne Bachelot et Rama Yade : « Ma réaction sur Benzema, je vous l’ai donnée avec cette liste. J’avais une responsabilité à prendre même si Karim n’est pas dans les meilleurs dispositions physiques, actuellement. Mais, comme d’autre, il peut faire partie du noyau de l’équipe de France dans le futur. Ce qui le touche dans sa vie privée ne me regarde pas. »
La Ligue 1 en force
Pour ce match en Norvège, Laurent Blanc s’est, en revanche, passé des services de joueurs expérimentés comme les défenseurs Jean-Alain Boumsong ou Julien Escudé. « Le train n’est pas définitivement passé pour certains, a précisé le nouveau patron des Bleus. Mais quand on veut bâtir quelque chose, on le fait avec des jeunes. Beaucoup ont 23, 24, 25 ou 26 ans. Ça fait six, sept ou huit ans que certains jouent au plus haut niveau. Je veux voir ce qu’ils valent au niveau international. »
Malgré ce fort contingent de néophytes et les nombreuses absences, Laurent Blanc devrait entamer sa réflexion tactique à Oslo : « Durant ce match, j’aimerais pouvoir expérimenter deux organisations différentes. Est-ce que le fil du match me le permettra ? Après, je ne vais pas inventer un nouveau système. Celui de départ sera en tout cas bien défini. Pas la peine que je vous dise lequel c’est, vous le savez déjà », a-t-il souligné dans un sourire. Une manière d’indiquer que, comme à Bordeaux, le sélectionneur devrait s’appuyer sur deux systèmes : un 4-4-2 avec un milieu de terrain en losange et un 4-5-1 avec un avant-centre athlétique. Plusieurs essais devraient également être effectués en défense centrale, chantier de jeu prioritaire selon le technicien gardois.
L’affaire Anelka pèse encore
Laurent Blanc n’a pas échappé aux questions sur l’affaire Anelka, la grève des joueurs, et la commission d’information qui enquête sur cette affaire et qui rendra ses conclusions ce 6 août, devant le Conseil fédéral de la FFF. A ce sujet, il s’est montré prudent : « Pour l’instant, rien n’est décidé (sur d’autres sanctions). C’est une commission d’information. Le Conseil fédéral prendra certaines décisions. Et on avisera. Rien ne permet de savoir qui j’aurai à ma disposition ou pas le 3 septembre », date du premier match des Bleus, en éliminatoires de l’Euro 2012, face à la Biélorussie.
Mais l’ancien défenseur central a prévenu : « Ce qui s’est passé en Afrique du Sud, on ne pourra pas le gommer. C’est une cicatrice. Mais si on veut sanctionner plus, attention. Je suis devenu sélectionneur pour gagner. Il ne faudrait pas se pénaliser pour l’objectif suivant, l’Euro 2012. Car seule la gagne pourra effacer l’épisode sud-africain », a-t-il conclu.