De notre envoyé spécial à Bloemfontein,
« Comment voulez-vous qu’on se souvienne de vous ? » C’est avec ces paroles que Roselyne Bachelot avait quitté les joueurs de l’équipe de France, lundi soir, à la veille de leur match décisif contre l’Afrique du Sud. A l’issue de 90 minutes indigentes, qui s’ajoutent à onze jours de compétition émaillés d’incidents au sein du groupe, les Bleus laisseront finalement le souvenir d’une équipe sans jeu, sans jambes et sans âme.
En s’imposant pour l’honneur, l’Afrique du Sud enregistre la première victoire de son histoire face à la France. Une victoire construite avec des arguments que les hommes de Raymond Domenech n’auront jamais eus en trois matchs : l’enthousiasme, l’animation offensive et un cœur immense qui a permis aux Bafana Bafana d’entretenir un très mince espoir de qualification. Et surtout de faire rugir comme jamais le Free State Stadium de Bloemfontein.
Le calice jusqu'à la lie
Le match met une vingtaine de minutes avant de s’emballer. A la 19e, Tshabalala tente une difficile reprise de volée à l’angle de la surface française. Une poignée de secondes plus tard, une mauvaise sortie de Lloris sur corner donne à Khumalo un excellent ballon aérien. Le milieu sud-africain s’élève plus haut que Diaby et marque de la tête (1-0). Les Bafana Bafana sont près du deuxième but quand Mphela, intenable, se joue de Gallas et tire de peu à côté (25e). Dans la foulée, Yoann Gourcuff, coupable selon l’arbitre d’avoir un peu trop joué des coudes contre un défenseur adverse, est sévèrement expulsé (26e). Il était écrit que la France boirait le calice jusqu’à la lie.
Durant la fin de la première période, le bateau France est en plein naufrage. Les vagues jaunes déferlent dans son camp sans répit : un bon coup franc de Tshabalala du gauche passe de peu au dessus (34e) ; Pienaar pénètre bien dans la défense française et passe pour Parker, trop court (35e) ; Ncongca trouve la tête de Tshabalala, au dessus (36e). Sans surprise, l’Afrique du Sud double la mise à la 37e minute, quand un mauvais renvoi de Diaby dans la surface profite à Mphela qui pousse le ballon dans le but de près. Seul danger sur la cage sud-africaine : un coup franc de Ribéry que Josephs détourne d’une claquette (40e).
Au retour des vestiaires, l’ampleur de la tâche qui attend les Français (s’imposer par un score fleuve pour espérer se qualifier) paraît si insurmontable que les coéquipiers de Diarra, capitaine d'un jour en l'absence d'Evra, n’ont pas la moindre réaction. Pire, les Bafana Bafana sont à deux doigts d’alourdir la marque par Parker, dont la tentative est bien bloquée par Lloris (49e), par Mphela, qui frappe l’angle du but français à la conclusion d’un magnifique mouvement collectif relayé par Pienaar (51e), puis encore par Mphela qui frappe de loin et oblige Lloris à un très beau plongeon.
La France joue... cinq minutes
Face à la déferlante sud-africaine, Ribéry exploite mal une des rares bonnes balles qu’il a (59e). L’honneur de la France sera finalement sauvée à la 69e : bon démarrage de Sagna qui voit l’appel de Ribéry en profondeur. Le joueur du Bayern trouve Malouda (entré à la mi-temps à la place de Gignac), lequel bat Josephs de près. La bonne période française du match va alors durer cinq minutes, pas une de plus… sans pour autant que les Bleus n’inquiètent leurs adversaires. A l’issue de ce court répit, Nomvethe s’enfonce dans la défense française sans rencontrer la moindre résistance avant de buter sur Lloris, bien revenu dans le match après sa faute initiale. Le gardien français sortira un dernier arrêt à la 90e minute face à Tshabalala.
La France, on l’aura compris, a amplement mérité cette nouvelle défaite. Quant aux Bafana Bafana, s’ils avaient joué avec cet élan offensif depuis le début du tournoi, ils ne seraient sans doute pas devenus le premier pays organisateur sorti dès le premier tour en Coupe du monde. Les deux qualifiés du groupe A s’appellent donc Uruguay et Mexique. Ils seront respectivement opposés à la Corée du Sud et à l'Argentine en 8e de finale.