Il y a vingt ans, les biologistes n’imaginaient même pas que des virus géants puissent exister. Il a fallu attendre la découverte de Mimivirus (mimi pour mimétisme, car il mime le fonctionnement des organismes qu’il contamine, et pas pour mignon), en 2003, pour que les chercheurs puissent envisager l’existence de virus aussi gros et complexes génétiquement.
Aujourd’hui, avec la découverte de Mollivirus Sibericum, l’équipe du Français Jean-Michel Claverie vient de mettre à jour la quatrième famille de ce type de virus ancien. En effet, Mollivirus a passé confortablement les 30 000 dernières années bien au frais dans le sol gelé sibérien. Avec cette découverte, les biologistes ont désormais de plus en plus d’éléments leur permettant de penser que ce type de virus géant devait être répandu et diversifié dans des temps plus anciens.
Les biologistes lancent l’alerte
Mais plus proche de nous, il est intéressant de remarquer que Mollivirus Sibericum partage quelques caractéristiques avec des homologues plus traditionnels et contemporains. Adenovirus, Papillomavirus, Herpesvirus en font partie, et ils ont tous les trois la caractéristique d’être répandus et pathogènes pour l’espèce humaine.
Pour se répliquer, Mollivirus Sibericum infecte le noyau cellulaire d’amibes. C’est d’ailleurs ce qu’il a réussi à faire avec brio quand il a été « réactivé » pour être étudié. Ce sont ces similitudes avec des virus courants aujourd’hui qui poussent les biologistes à lancer un avertissement. A cause du réchauffement climatique, le pergélisol sibérien, canadien et de l’Arctique fond. Un phénomène qui devrait libérer des virus endormis depuis des dizaines de milliers d’années, voire plus, à l’instar de Mollivirus Sibericum, et ses congénères Mimivirus, Pithovirus et Pandoravirus. D’autant plus que cette tendance ne pourra que s’accélérer par l’exploitation de plus en plus massive de ces sols riches en hydrocarbures. Une chance, donc, qu’aucun de ces virus géants ne se soit révélé jusqu’à présent nocif pour l’homme.