Des mètres cubes d'algues marronâtres jusqu'à 1,50 mètre d'épaisseur s'entassent parfois le long des côtes dans les Antilles. Les sargasses dégagent une odeur d'œuf pourri provoquée par un gaz, le sulfure d'hydrogène. Stéphane Catoni est médecin à Capesterre sur l'île de Marie-Galante, au large de la Guadeloupe. Il constate chaque jour les conséquences de ces émanations sur ses patients : « Des yeux qui démangent, des nez qui coulent, qui sont irrités, des toux qui sont incessantes, des nausées allant même jusqu’aux vomissements, des gens qui ne sont pas bien. »
Ce qui inquiète ce médecin, ce sont surtout les risques à long terme de cette exposition au sulfure d'hydrogène : « Quand on voit ce que ça fait sur le matériel électronique, sur les simples pièces de monnaie qui, en quelques jours deviennent noires, on peut se poser des questions [sur] ce que ça fait sur l’organisme. Et là on bute sur une absence de réponse. L’exposition à des taux élevés de sulfure d’hydrogène, c’est équivalent à l’exposition à des taux élevés de cyanure. Donc c’est mortel par atteintes neurologiques. Mais à petites doses et longtemps, est-ce qu’on ne va pas obtenir le même genre de problèmes ? »
Stéphane Catoni, le seul médecin dans le bourg de Capesterre, menace même de faire évacuer la ville dans les quinze jours. Au nom du principe de précaution.