Les travaux ont déjà 5 ans de retard, et leur facture a triplé. On estime aujourd'hui à 9 milliards d'euros le coût de ce chantier qui n’est visiblement pas terminé car l’ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire a en effet détecté de sérieux problèmes sur la cuve du réacteur.
Or la cuve est une pièce essentielle du dispositif : c’est elle qui contient le combustible nucléaire de la centrale. C'est « une anomalie que je qualifierais de sérieuse, voire très sérieuse et qui en plus touche à un composant crucial : la cuve…» disait ce vendredi matin, le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet. Quand le réacteur est en fonctionnement, la température à l'intérieur peut atteindre plus de 300 degrés, qu'il faut refroidir. Pour cela, on injecte tout simplement de l'eau.
Mais cette technique provoque un choc thermique sur les parois de la cuve, qui doit donc être suffisamment résistante. Or d’après l’ASN, ce ne serait pas le cas de celle qui a été installée sur le futur EPR de Flamanville. Il y a des malfaçons qui pourraient entraîner la rupture de la cuve. Or « il est totalement exclu qu’une cuve puisse rompre, ça doit être conçu pour exclure la rupture », insistait le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet. De nouveaux tests doivent être effectués, mais si cela était confirmé, ce serait désastreux pour le chantier puisqu'il faudrait changer la cuve, une pièce de métal de dizaines de tonnes. C’est un chantier d’au moins trois ans.
« Areva doit nous proposer un certain nombre d’essais complémentaires pour apprécier l’ampleur ou l’importance de l’anomalie, essayer de la qualifier, essayer de voir quels impacts elle a potentiellement sur la sûreté une fois que la cuve a démarré, poursuivait Pierre-Franck Chevet. Et je n'exclus pas d’avoir recours à des experts étrangers, spécialistes de ces sujets là, pour nous appuyer au moment d’une éventuelle décision dans quelques mois et je ne préjuge pas de la décision qui sera prise d’aucune manière, compte tenu de l’importance de l’anomalie. »
Des malfaçons qui poseraient aussi très certainement la question de la poursuite ou non du projet, que la France souhaite par ailleurs vendre à l'étranger. Mais cela semble de plus en plus compliqué.