Paris: la pollution aussi nocive que le tabagisme passif

Un appareil de recherche a mesuré pendant 18 mois le nombre de particules très fines dans la capitale, de 0 à 300 mètres de hauteur. Les résultats, publiés lundi 24 novembre, montrent que lors des pics de pollution, l’air de Paris est aussi nocif que le tabagisme passif.

Un chiffre à couper le souffle. Le 13 décembre 2013, en plein pic de pollution, le ciel de la capitale contenait 6 millions de particules fines par litre d’air, soit l’équivalent d’une pièce non ventilée de 20 mètres carrés occupée par huit fumeurs.

Ces données ont été récoltées grâce à un appareil de recherche installé dans le ballon de Paris, qui transporte habituellement des passagers jusqu’à 150 mètres de hauteur, et qui pour récolter ces mesures, s’est envolé chaque jour à 300 mètres du sol.

Des particules classées cancérogènes

Le capteur mis au point par le CNRS analyse la quantité de particules fines et ultrafines présentes dans l’air de la capitale. Ces particules peuvent être d’origine naturelle (sable, poussières volcaniques) ou humaine (chauffage au bois, transports ou rejets industriels).

Elles ont la particularité d’entrer très en profondeur dans les bronches et peuvent aller jusqu’à traverser les barrières biologiques pour atteindre d’autres organes. « A court terme, les particules ultrafines peuvent conduire à des symptômes tels que la toux ou l’irritation des yeux, du nez et de la gorge. Mais à long terme, elles peuvent générer des pathologies chroniques, essentiellement respiratoires et cardiovasculaires, conduire à des hospitalisations ou au décès… », souligne Sabine Host de l’Observatoire régional de Santé d’Ile-de-France.

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé estime à plus de 2 millions chaque année le nombre de décès liés à l'inhalation des particules fines ou ultrafines. En 2012, l’OMS les a d’ailleurs classées cancérogènes pour l’homme.

Un plan antipollution à Paris dès le début 2015

Pour autant, ces particules fines ou ultrafines ne font l’objet d’aucun seuil réglementaire. Les normes ne concernent que les PM10, dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, soit 7 fois plus fin que l’épaisseur d’un cheveu. Ainsi, une directive européenne de 2008 impose de ne pas dépasser 40 microgrammes par mètre cube en moyenne annuelle, avec une tolérance allant jusqu’à 50 microgrammes par mètre cube, 35 jours par an.

Au cours d’une journée de pollution standard, un Parisien inhale environ 100 000 particules à chaque respiration. Face à ces résultats, la municipalité annonce la mise en place d’un vaste plan antipollution dès le début de l’année 2015.

Ce plan prévoit, entre autres, la réduction de la circulation automobile à Paris. « Nous développerons toutes les alternatives à l’usage de la voiture individuelle, à savoir les transports en commun, le vélo, le covoiturage ou l’autopartage », assure Christophe Najdovski, adjoint au Maire en charge des transports. Paris travaille actuellement sur la mise en place d’une zone à faibles émissions, qui prévoit d’interdire la circulation des véhicules les plus polluants.

L’usage du diesel, principal émetteur de particules fines, est également dans le collimateur de la municipalité. « Nous voulons convertir les véhicules roulant au diesel vers une alternative plus propre. C’est-à-dire des véhicules électriques, au gaz, ou à d’autres motorisations comme l’hydrogène ou la pile à combustible. L’avenir, c’est la fin du moteur diesel pour des motorisations propres », précise Christophe Najdovski. A terme, la Ville de Paris vise une sortie du diesel d’ici 2020.

Partager :