La station de Mauna Loa à Hawaï a mesuré, vendredi 3 mai, 399,29 parties par million (ppm), alors que la veille l’Organisation météorologique mondiale notait dans son dernier rapport l’accentuation des phénomènes extrêmes : sécheresses, inondations, cyclones…
Selon la Scripps Institution of Oceanography (Université de Californie) de San Diego, la limite des 400 ppm devrait être atteinte courant mai au-dessus du volcan de Mauna Loa, à Hawaï, où sont effectuées les mesures. C’est là que depuis1958, grâce à la « courbe de Keeling », du nom du scientifique qui l’a inventée, on mesure le CO2.
Cette courbe croît sans discontinuer depuis 1960 où elle était alors à 316 ppm. Jusqu’à la révolution industrielle du début du 20e siècle, et le recours aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), elle n’avait pas dépassé les 300 ppm depuis 800 000 ans.
Ces 400 ppm bientôt franchies ont une valeur symbolique car il ne s’agit que d’un taux journalier. Selon le climatologue français Jean Jouzel, ce n’est que dans 2 ou 3 ans que cette valeur deviendra une moyenne annuelle. Face à cette urgence, Christiana Figueres, la responsable de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a tiré la sonnette d’alarme. Elle a rappelé, lundi 29 avril, lors de négociations à Bonn devant des délégations du monde entier, la nécessité d’élaborer d’ici 2015 un accord qui engagera tous les pays à réduire leur GES, et en particulier les deux grands pays les plus pollueurs, la Chine et les Etats-Unis.
Au rythme actuel, Jean Jouzel indique que « l’on devrait atteindre une valeur de 450 ppm en 2040, avec pour conséquence une hausse de température d’environ 3°C ». La dernière fois que la planète a connu un tel phénomène, c’était il y a environ 2,5 millions d’années. La température était alors de 3 à 4 degrés supérieure à celle que nous connaissons et les océans de 5 à 40 mètres plus hauts. Un tel scénario ferait disparaître par exemple les Pays-Bas de la surface de la Terre !