La pollution de l’air n’a presque pas reculé en France depuis 30 ans

Les Français respirent un air pratiquement aussi pollué aujourd’hui qu’il y a trente ans. Entre 1980 et 2010, nous révèle une étude de l’Insee publiée le 26 avril 2013, ils ont néanmoins réduit leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), essentiellement celles liées à l’automobile et au logement. Pourtant, durant la même période, l’activité économique aidant, le total des émissions polluantes est resté, à peu de chose près, le même.

L’abandon du chauffage au charbon, de l’essence plombée, la baisse du fioul au profit du gaz, toutes ces mutations n’auront guère contribué à améliorer la qualité de l’air en France. Certes, il faut tenir compte de l’augmentation de la population (+ 10 millions) et du bond de la consommation en énergie (+60%) au cours des trois décennies étudiées, mais somme toute malgré d’importants changements de comportement le bilan est assez mitigé. 

Ainsi, on est passé en termes d’émissions de polluants de 161 millions de tonnes d’équivalent en gaz carbonique (CO2) entre 1980 et 1985, à 159 millions de tonnes entre 2005 et 2010. Une évolution qui va dans le bon sens même si elle est timide. Mais les chercheurs de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), insistent sur les améliorations apportées notamment par les changements liés aux combustibles de chauffage. Gros pourvoyeurs de GES, le recul de l’usage du charbon et du fioul ont permis de diminuer de près de 30% l’émission de polluants due au chauffage.

L'effet diesel

Au vu du travail des chercheurs, la stagnation des résultats globaux est due principalement au transport individuel. La suppression du plomb dans l’essence a été bénéfique mais cet avantage a été rapidement entamé par le développement du parc automobile. Ce mode de transport contribue ainsi à l’émission de 1,3 tonne d’équivalent CO2 par personne ; il était de 1,2 tonne en 1980.  Le diesel qui alimente maintenant 60% du parc automobile particulier en France et 97% des flottes d’entreprises est à l’heure actuelle la première source d’émission de gaz à effet de serre. Le diesel est ainsi responsable du tiers des GES produits en France.

Cet état des lieux dressé par l’Insee montre que les choix de substitution qui ont été faits au cours des trois dernières décennies n’ont pas toujours eu l’impact positif espéré sur la qualité de l’air. La question du diesel et son poids tant sanitaire qu’environnemental sont d’ailleurs plus que jamais sur la sellette.

L’Union européenne a déjà pointé les conséquences de cet engouement bien français pour le diesel : dans l’Hexagone, 12 millions de personnes vivent dans des zones où ne sont pas respectées les normes européennes sur la qualité de l’air. Si la France ne fait rien pour améliorer la situation elle encourt de lourdes amendes d’ici à 2014. Les constructeurs automobiles ont beau avoir perfectionné leurs véhicules en les équipant de filtres à particules, il n’en reste pas moins qu’ils laissent toujours passer des nanoparticules dont l’innocuité n’est pas démontrée.

 

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