Neuf fossiles de puces dépourvues d'ailes, datant du Crétacé inférieur (soit environ 125 millions d'années) et du Jurassique moyen (quelque 165 millions d'années) sont les plus anciennes puces identifiées à ce jour.
En mesurant 8 à 15 mm de long pour les mâles et de 14 à 20 mm pour les femelles, ces fossiles montrent que ces parasites étaient « sensiblement plus grands » que les puces modernes : bien qu'étant encore en attente de classement officiel, les paléontologues ont déterminé qu'ils appartiennent à trois espèces distinctes mais possèdent tous les trois des « traits caractéristiques » des puces.
Des puces dotées d'un appareil piqueur-suceur
Selon les scientifiques, « leur caractéristique la plus impressionnante est leur siphon long et cranté », destiné à percer l'épiderme de leurs proies et à sucer leur sang. Des éléments qui les rapprochent des siphonaptères -des parasites identifiés comme « munis d'un siphon et dépourvus d'ailes », en latin-. Une classe qui regroupe quelque 2 000 espèces de puces modernes.
Si d'autres insectes préhistoriques dotés d'un appareil en forme de siphon se servaient de celui-ci pour se nourrir de nectar, de quoi ces puces du Mésozoïque dotées d'un appareil piqueur-suceur pouvaient se nourrir ? ... Et bien probablement du sang de petits mammifères, pensent les chercheurs.
Munies de poils microscopiques et de griffes
A cette époque géologique, « les premiers mammifères étaient diversifiés et abondants », estiment-ils et ces espèces sont bien représentées dans les fossiles du Jurassique et du Crétacé trouvés dans les mêmes régions chinoises. Seulement comme la taille des puces géantes et « la robustesse de leur appareil buccal » ne semble pas s'accorder avec la taille des mammifères recensés, les chercheurs en déduisent qu'elles vivaient aux dépends des hôtes couverts de fourrure ou de plumes, plutôt que sur des vertébrés à la peau nue ou écailleuse.
Par ailleurs, l'épaisseur, la taille et l'orientation des poils microscopiques couvrant les pattes des parasites ainsi que leurs griffes « sont des structures spécialisées » qui confirment cette hypothèse selon l'étude, dirigée par l'entomologiste André Nel, du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.
En conclusion, il semble tout à fait possible que les puces préhistoriques se soient nourries du sang des petits dinosaures à plumes qui ont fait la réputation des gisements de fossiles où elles ont été découvertes ... A moins que ces insectes aient parasité différents types d'animaux -contrairement aux puces modernes qui vivent quasi exclusivement sur leur hôte- et ne se soient "spécialisés" que bien plus tard au cours de leur évolution.