On connait les liens plus ou moins ténus qui peuvent exister entre les laboratoires et les spécialistes qui s’expriment sur un sujet médical. Et dans le cas du Mediator, les révélations s’enchaînent et mettent à mal le rapport commandé par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afsaaps), au laboratoire Servier, fabricant du Mediator.
En 2009 donc, le Pr Bernard Iung analyse plus d’une quarantaine de cas de valvulopathies chez des patients traités au Mediator. Sa conclusion indique qu'étant donné le signal fort de toxicité, une surveillance échocardiographique est préconisée pour les personnes traitées au Benfluorex, le principe actif du médicament incriminé.
Au moment de la présentation, le cardiologue s’aperçoit d’un changement au texte initial : on y aurait ajouté que les propositions du laboratoire sont « adéquates », une précision qui atténue son constat… En conséquence de quoi, le produit ne doit pas être suspendu ; mais le cardiologue « n’y prête pas », de son propre aveu, une « grande attention ».
La tempête déchaînée par l’affaire depuis plusieurs semaines le pousse désormais à accuser le laboratoire d’avoir dénaturé son rapport: le professeur Iung déclare regretter d’avoir « manqué de discernement », dans un article du quotidien Libération. Du côté du laboratoire, aucune réaction.