Mediator: le laboratoire Servier aurait cherché à neutraliser des experts médicaux

Alors qu’une enquête est en cours pour identifier les dysfonctionnements dans l’affaire du Mediator, les révélations se succèdent sur les méthodes du laboratoire français Servier, qui commercialise ce médicament. Dernière en date : selon le journal Libération, l’entreprise a tenté de neutraliser des experts médicaux critiques envers un de ses médicaments, l’Isoméride, très proche du Mediator.

L’Isoméride, c’était un peu la poule aux œufs d’or pour le laboratoire Servier. Un coupe-faim, pris par des millions de patients dans les années 1980 et 1990. Une manne interrompue en 1995, lorsque l’agence française du médicament interdit toute prescription aux médecins de ville suite à une étude montrant la dangerosité de cette molécule. Mais l’entreprise pharmaceutique ne renonce pas.

Le médicament, autorisé aux Etats-Unis en 1996, et commercialisé par le laboratoire Wyeth, peut lui rapporter gros. A condition de faire taire les voix discordantes. Ainsi le journal Libération publie un fax confidentiel émanant de la présidente de la branche Servier Amérique et adressé au laboratoire américain. Elle lui demande de soumettre plusieurs plans qui pourraient « neutraliser ces messieurs sans paraître agressifs envers eux ».

Ces messieurs sont les deux auteurs de l’étude incriminant l’Isoméride, Stuart Rich et Lucien Abenhaïm. Selon le quotidien, le professeur Abenhaïm a reçu à cette époque des petits cercueils à son domicile. D’autres acteurs du dossier auraient également subi des pressions - menaces de mort, intimidation- mais sans que le lien ne soit fait avec Servier.

L’isoméride sera retiré définitivement du marché en 1997. Le Mediator, molécule proche, ne le sera que douze ans plus tard.

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