Il y a ces mots que les autres pays membres du Conseil de sécurité n'arrivaient pas à faire dire à la Russie, l'alliée de Damas, et ces mots sont : « nous condamnons les violences en Syrie ». Mais les diplomates russes ne font qu'un demi-pas car ils condamnent toutes les violences, c'est-à-dire à la fois « l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes, mais aussi l'utilisation d'armes illégales par des groupes armés », autrement dit les déserteurs de l'armée syrienne. Le projet de résolution exhorte « le gouvernement syrien à cesser de réprimer ceux qui exercent leur droit à la liberté d'expression, de rassemblement pacifique et d'association » et demande une enquête interne auprès des autorités syriennes.
La Russie, ne change pas tout à fait sur le fond, mais elle change de stratégie : elle ne fait plus d'opposition systématique à une résolution comme elle l'a fait au cours des derniers mois mais elle accompagne le mouvement au Conseil de sécurité.
La Russie avait l'air jusque-là si entêtée dans son soutien total au pouvoir syrien qui réprime son peuple depuis neuf mois maintenant, que les autres grands pays sont très satisfaits. La France a parlé d'un événement extraordinaire, et les Etats-Unis ont bien noté que le texte russe est une première. Il faut dire que a position russe de défenseur coûte que coûte du régime syrien, devenait de plus en plus intenable.
Une base de travail
Toutefois, les membres du Conseil de sécurité, à part sans doute la Chine qui, avec la Russie, avait voté contre un précédent projet de résolution en octobre, pensent que le projet russe est seulement une base de travail, et qu'il faut le corriger, parce qu'il est déséquilibré.
En mettant sur le même plan les violences des uns, qui attaquent avec des armes lourdes, et des autres, qui se défendent, la Russie commet une injustice.
En outre, le texte russe ne prévoit aucune menace de sanction, comme le souhaitaient plusieurs pays occidentaux. Moscou continue à s'y opposer fermement. Le ministre des Affaires étrangères a répété à l'agence ITAR Tass que des sanctions seraient contre-productives.
Les autorités russes insistent aussi sur le fait que leur résolution ne doit pas être interprétée comme un feu vert donné à une intervention armée. Pas question de suivre un scénario libyen en Syrie. Pas question non plus de lâcher l'allié syrien auquel Moscou continue de livrer des armes. Parallèlement, la diplomatie russe reste active dans la région : le vice-président syrien, Farouk al-Charaa est à Moscou et il doit rencontrer Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères.
À l'ONU, les discussions ne font que commencer. On va sans doute négocier paragraphe par paragraphe le texte russe mais le Conseil de sécurité va pouvoir enfin sortir de sa paralysie sur la question syrienne.
Depuis le 15 mars 2011, date du début de la révolte populaire syrienne, la répression menée par le régime de Bachar el-Assad, a fait plus de 5 000 morts, selon l'ONU.