Des équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant-Rouge palestinien ont pu profiter, mercredi après-midi, d'une brève suspension des hostilités entre Israël et le Hamas dans le nord-est et dans le sud de l'enclave pour évacuer quelques blessés graves.
« Dans le nord-est de Gaza, nous sommes parvenus à envoyer sept ambulances et nous avons évacué quatre blessés, rapporte Cécilia Goin, la porte-parole à Gaza du CICR. Deux autres personnes ont été évacuées de Chajaya, l'une des zones les plus affectées par ce conflit. Heureusement, ces gens pourront bénéficier d'une assistance médicale. L'autre équipe s’est rendue dans le sud avec neuf ambulances. Elle va essayer d'évacuer des personnes dont on n'a pas eu d'informations dernièrement. On pourra sans doute évacuer quelques civils de là-bas. »
« Nous allons évaluer aussi l'état des infrastructures d'approvisionnement en eau et en électricité qui ont été détruites, poursuit la porte-parole du CICR. Nous adressons un message aux autorités : les personnes qui ne prennent pas part aux hostilités, les civils, les femmes, les enfants et les personnes âgées ont le droit de trouver un endroit où elles se sentent en sécurité. »
Chajaya a subi un pilonnage intensif de l'armée israélienne, qui considère cette banlieue comme l'une des bases du Hamas. Dimanche, plus de 70 personnes y ont été tuées.
À Chajaya, « un cauchemar »
Deux jeunes hommes rejoignent à pied le carrefour qui signale l'entrée de Chajaya. Ils ont pu aller chercher de l'électroménager chez eux au péril de leur vie, racontent-ils à notre envoyé spécial à Gaza, Nicolas Ropert : « La situation est catastrophique à l'intérieur. Les bombardements sont incessants. C'est un cauchemar. Je n'ai jamais vu ça. En rentrant chez nous, nous avons vu des corps partout dans les rues. »
Certains n'ont pas cette chance, à l'image de cette femme, en niqab noir. Elle appelle à l'aide : six membres de sa famille, dont son frère handicapé, sont bloqués dans le quartier. « Il faut un cessez-le-feu pour faire sortir les civils qui sont à l'intérieur. Il y a eu déjà trop de civils tués. Il faut continuer à résister aux Israéliens avec les armes. Mais l'urgence, c'est d'éviter de nouveaux morts civils dans ce quartier », dit-elle.
Deux sourdes explosions retentissent soudainement. Tout le monde se fige. Deux colonnes de fumée grise montent dans le ciel. Amdul Bakhtete, un commerçant, se désespère. « C'est impossible d'y retourner. Je ne sais même pas si ma maison est encore debout. »
John Kerry parle de « progrès »
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry était en Israël ce mercredi pour pousser en faveur d'une trêve. Il a rencontré à Jérusalem le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et à Ramallah le président palestinien, Mahmoud Abbas. Une rencontre à l'issue de laquelle il a fait état de « progrès » pour qu'un cessez-le-feu soit envisagé par Israël et le Hamas, sans en dire beaucoup plus.
Mais le responsable du mouvement de résistance islamique, Khaled Mechaal, a rejeté l'appel à la trêve, déclarant que le Hamas attendait la levée du blocus israélien avant de négocier. John Kerry s'est ensuite entretenu avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu à Tel-Aviv avant de se rendre à nouveau au Caire.
Suspension des vols prolongée
Ces tirs vers Israël ont poussé certaines compagnies aériennes à prendre une décision inédite depuis plus de vingt ans : suspendre les vols vers ou en provenance d'Israël. Lufthansa suspend ses vols et ceux de ses filiales vers Tel-Aviv pour vingt-quatre heures supplémentaires. D'autres compagnies aériennes françaises et américaines ont également suspendu leurs vols depuis hier. Une « grande victoire pour la résistance » a déclaré le Hamas.
À Genève, adoption de la résolution déposée par la Palestine
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé de lancer une enquête internationale sur de possibles violations lors de l'opération militaire israélienne en cours dans la bande de Gaza. A l'issue de la réunion, un projet de résolution présenté par les Palestiniens a été adopté.
Avec notre correspondant à Genève, Laurent Mossu
Sans surprise, le Conseil des droits de l’homme, réuni ce mercredi 23 juillet en session extraordinaire, a condamné « les violations généralisées, systématiques et flagrantes » commises par les forces israéliennes à Gaza. Des « attaques indiscriminées et disproportionnées pouvant constituer des crimes de guerre », affirme la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Navi Pillay n’a pas non plus ménagé le Hamas, critiqué durement pour avoir installé des bases militaires dans des zones denses de population et pour ces roquettes lancées sans discrimination sur les villages israéliens.
La résolution, adoptée par 29 voix, 17 abstentions et une seule opposition - celle des Etats-Unis -, demande la mise en place immédiate d’une protection internationale des Palestiniens, un arrêt des hostilités et la convocation d’une conférence des pays signataires des conventions de Genève.
Une commission d’enquête indépendante devrait de plus être dépêchée sur place pour faire toute la lumière sur les violations perpétrées. Il importe maintenant de savoir si le document adopté ne restera pas, comme nombre de ses prédécesseurs, lettre morte.