Le Bahri Tabuk est un cargo saoudien et, selon Disclose, ce bateau doit servir à transporter des munitions pour les canons français Caesar qui équipent les forces saoudiennes. C'est dans le port de Fos-sur-Mer, près de Marseille, que le chargement doit être effectué. Le Bahri Tabuk doit ensuite reprendre la mer à destination du port de Jeddah, en Arabie saoudite, indique encore le média d'investigation.
Mais un représentant en France de l'armateur a formellement démenti auprès de l'AFP ce mardi toute cargaison d'armes. « Le navire va charger demain (mercredi), pour le compte de (l'entreprise allemande) Siemens, des stations mobile d'électricité à usage civil, et cela représente 100 % de sa marchandise », a affirmé un représentant en France de la société Shipping Agency Service, qui représente en France l'armateur saoudien Bahri. « Les informations sur un chargement d'armes ou d'explosifs sont complètement bidons ».
Cela fait des années que les livraisons d'armes et de munitions françaises à l'Arabie saoudite et à ses alliés sont critiquées par les organisation de défense des droits de l'homme, à cause du risque que ces armes fassent des victimes civiles au Yémen. La publication récente – par Disclose déjà – d'une note des renseignements français consacrée précisément à l'exposition des civils yéménites aux armes françaises a mis Paris dans l'embarras.
Un précédent cargo saoudien a ainsi dû rebrousser chemin il y a quelques semaines sans avoir pu recevoir son chargement d’armes françaises au port du Havre. Ce mardi 28 mai, plusieurs syndicats et ONG ont annoncé leur intention de se mobiliser dans le port de Fos-sur-Mer pour s’opposer à la livraison. Le port de Marseille-Fos « ne servira pas à charger des armes ou des munitions », a assuré Laurent Pastor, secrétaire général CGT des dockers de Fos-sur-Mer.
« Il y a un risque que ces armes fournies à l'Arabie saoudite soient utilisées dans le cadre du conflit au Yémen par l'Arabie saoudite ou les Emirats pour commettre des crimes de guerre envers les populations civiles yéménites », confirme Elias Geoffroy, chargé de plaidoyer au sein de l'ACAT.
« Nous avons régulièrement des rapports (...) qui documentent ces crimes de guerre commis sur le terrain quasi quotidiennement, soit par air, soit par des bombardements effectués par des canons Caesar situés au nord du Yémen, du côté de la frontière saoudienne. On sait que dans ces zones, il y a eu un certain nombre de victimes civiles du fait de ce type de bombardements. Il est donc très probable que ces bombardement aient été commis par des canons Caesar », remarque Elias Geoffroy.
Ce nouvel épisode intervient alors que, ce matin au micro de France Inter, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a lui-même qualifié la guerre au Yémen de « sale guerre » qu’il faut « arrêter ».