Avec notre envoyé spécial dans la région de Deir Ezzor, Sami Boukhelifa
C’est un camp de fortune, un point de rassemblement au milieu du désert non loin des zones de combats. Des dizaines de camions, des milliers de femmes et d’enfants de jihadistes entassés dans leur remorque.
Ils sont majoritairement Irakiens ou Russes, comme cette Sibérienne. Elle affirme s’appeler Djamila. « On vivait en Russie et mon mari m’a dit : viens on va faire du tourisme à Mossoul. Alors on est venus... »
Elle est alors interrompue par un membre des FDS qui exige qu’elle dise la vérité. Rassurée après quelques minutes, son discours change complètement. « Mon mari est mort, il y a deux ans. Je vous ai menti, il n’était pas à Mossoul, mais à Raqqa. C’était un combattant », affirme-t-elle.
Djamila, ses deux sœurs et ses cinq enfants ont trouvé place sous l’unique tente du campement éventrée de toute part. 24h à 48h sur place, procédure de sécurité imposée par les FDS. Enquête préliminaire puis direction les camps de réfugiés dans le nord-est syrien. Mais la jeune Djamila espère pouvoir y échapper.
« Nous demandons aux Nations unies de nous aider. On a essayé de quitter l’Etat islamique, mais ce n’était pas possible. On a vécu tout ce temps sous les bombardements. Le seul moyen de partir aurait été de payer des passeurs qui exigeaient 15 000 dollars. Où est-ce que j’aurais pu trouver tout cet argent ? »
Sous la même tente, d’autres femmes originaires du Maroc, d’Algérie et une jeune Française de Narbonne. Son mari jihadiste vient d’être arrêté, mais elle est catégorique : il n’a jamais combattu. Elle demande à l’Etat français de rapatrier leurs enfants.
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