C’est une scène rare et hautement symbolique : des belligérants yéménites ont échangé une poignée de main devant des journalistes en marge des consultations de paix en Suède, qui se déroulent depuis le 6 décembre, alors que la guerre ravage le pays depuis 2014.
Salim al-Moughaless, un négociateur de la rébellion houthie, et Ahmed Ghaleb, un délégué gouvernemental, ont accepté lundi 10 décembre de se serrer la main à la demande de journalistes yéménites, devant un photographe qui a immortalisé l'instant.
Peu d’avancées concrètes
Le gouvernement et les rebelles du Yémen ont annoncé ce mardi 11 décembre avoir établi une liste de 15 000 prisonniers des deux camps, en vue d'un échange. Les deux parties se sont donné deux semaines pour entériner la liste, selon la télévision des rebelles, Al-Masirah, et 45 jours pour réaliser l'échange.
Pourtant, les négociations continuent de bloquer sur des questions épineuses, notamment le dossier sur le sort du port stratégique de Hodeïda. L’envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen propose la fin des opérations militaires de la coalition progouvernementale dirigée par l'Arabie saoudite contre Hodeïda en échange d'un retrait des combattants Houthis de la ville portuaire. Hodeïda serait alors placée sous la double tutelle du gouvernement et des rebelles.
Les deux parties planchent aussi sur une proposition de l'ONU sur la ville très éprouvée de Taez (sud-ouest), contrôlée par le gouvernement mais assiégée par les rebelles chiites. La proposition prévoit un cessez-le-feu sans préconditions, la constitution d'un groupe de travail conjoint incluant l'ONU pour vérifier son respect, et la réouverture de toutes les routes et de l'aéroport de Taez pour acheminer l'aide humanitaire.
Urgence humanitaire
Selon l'ONU, la crise au Yémen est la pire au monde, et la situation humanitaire se dégrade de jour en jour. La guerre qui ravage depuis 2014 le pays le plus pauvre de la péninsule arabique a fait environ 10.000 morts.
Lundi 10 décembre, les Nations unies ont déclaré rechercher quatre milliards de dollars pour fournir, en 2019, de l'aide humanitaire à 20 millions de Yéménites, soit 70 % de la population.