Yémen: la réouverture de l'aéroport de Sanaa en discussion en Suède

Le gouvernement yéménite, soutenu par l'Arabie saoudite sunnite, et la rébellion houthie appuyée par l'Iran chiite sont réunis près de Stockholm pour des consultations sous l'égide de l'ONU, une première depuis deux ans et demi.

Les négociations de paix entre gouvernement yéménite et rebelles houthis se poursuivent en Suède. Parmi les dossiers à l'étude figurent la situation économique catastrophique du pays, l'application d'un accord sur l'échange de prisonniers conclu cette semaine, le contrôle de la ville portuaire de Hodeida et la réouverture de l'aéroport de la capitale Sanaa.

L’aéroport international de Sanaa ne fonctionne plus depuis des années. Il a été pris par les rebelles en 2014, et endommagé par les bombardements de la coalition menée par l’Arabie saoudite. Les rebelles houtis veulent sa réouverture, le gouvernement en exil semble d’accord.

Les deux délégations étaient donc optimistes samedi soir sur un éventuel accord. « Nous sommes prêts à ouvrir l’aéroport de Sanaa, car cela aidera beaucoup les Yéménites », a annoncé le ministre des Affaires étrangères du gouvernement en exil à Aden, Khaled al-Yémani.

Trafic aérien

« Il y a des milliers de Yéménites qui veulent voyager et retourner dans leur pays sans avoir à supporter de longs trajets dans d'autres aéroports, a poursuivi le responsable. Nous proposons que l’aéroport d’Aden soit le principal aéroport souverain de la République, et les autres aéroports yéménites le seront réservés aux vols intérieurs. Si l'autre partie accepte d'essayer cette expérience souveraine, que les vols atterrissent à Aden et partent pour Sanaa, Hodeida ou Mukalla, et retournent à Aden pour quitter le Yémen. »

Mais les rebelles le refusent catégoriquement des points de transit obligatoire par des villes comme Aden contrôlées par le gouvernement. Pour autant les discussions continuent. « Il y a eu un dialogue utile concernant l'ouverture de l'aéroport de Sanaa et si Dieu le veut, il y aura des résultats positifs sur une vision globale de l'ouverture de l'aéroport de Sanaa, et ce malgré la position rigide de l’autre délégation, a déclaré Abdelmalik al-Hajri, de la délégation houthie. Nous avons une démarche positive et proposons plusieurs visions et solutions pour communiquer avec l'autre partie. »

Les rebelles ont prévu de présenter leurs propositions pour la réouverture de l’aéroport de Sanaa ce dimanche.

Discussions tendues

Mais si des responsables onusiens se sont félicités de « l'esprit positif » dans lequel se tiennent ces consultations, le ton demeure largement hostile entre les deux camps. Le gouvernement a accusé samedi les rebelles houthis de ne « pas être sérieux » dans la recherche d'un règlement à la guerre. « Nous sommes sérieux, nous l'avons montré », a rétorqué un représentant houthi. « C'est l'autre partie qui n'est pas sérieuse », a ajouté Abdelmalik al-Hajri.

« Il faut faire la part des choses entre les déclarations publiques et le discours en coulisses », a tempéré un responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat. Dans un communiqué, le médiateur de l'ONU Martin Griffiths a de nouveau souligné la bonne volonté des deux parties alors que la situation est toujours « très fragile » sur le terrain, appelant les belligérants à la « retenue ».

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