Irak: la contestation contre le gouvernement central reprend à Bassora

Les citoyens de Bassora descendent à nouveau dans la rue, deux semaines après la nomination d’un nouveau gouvernement central à Bagdad. Un gouvernement que les habitants de cette ville déshéritée jugent corrompu et incompétent. La province fait face à une crise économique sans précédent malgré son sol très riche en hydrocarbures. Les Basraoui protestent contre coupures d’eau, d’électricité, le chômage et la mainmise du gouvernement sur leur pétrole.

Avec notre envoyé spécial à BassoraNoé Pignède

Un bâtiment carbonisé. C’est tout ce qu’il reste du gouvernorat de Bassora incendié par les manifestants il y a deux mois. Devant, des centaines d’hommes crient leur colère.

La plupart comme Durgan Azubaïdi ont une vingtaine d’années. « Ici, l’eau courante est totalement polluée et nous n’avons pas de travail… La ville est très riche, mais tout l’argent va dans la poche des politiciens et à Bagdad. Et nous, il ne nous reste rien. Nous nous battons pour nos droits, et nous sommes prêts à mourir pour ça. »

Le neveu de Saad el-Kaabi, l’une des seules femmes du cortège, a été tué par les forces de l’ordre le mois dernier alors qu’il manifestait. « Ils tuent nos enfants ! Ils tirent sur le peuple de Bassora qui réclame seulement le droit de vivre dignement. Aujourd’hui, je suis très en colère … Alors, je continuerai de manifester. Je n’ai pas peur. Un citoyen qui descend dans la rue pour ses droits n’a pas à avoir peur. »

Les militants rêvent d’une région indépendante, libérée du joug de la capitale Bagdad. Samir Jalim, 60 ans, est l’un des organisateurs de la marche. « Avant, on nous disait qu’il n’y avait pas d’argent à cause de la guerre contre l’organisation État islamique. Mais maintenant, la guerre est finie ! J’ai 10 enfants. Je crains pour leur avenir. Il n’y a pas d’autres solutions que l’autonomie. Les gens à Bagdad ne savent pas ce dont nous avons besoin à Bassora. »

Depuis le début de ce mouvement citoyen il y a quatre mois, 21 personnes ont été tuées par des snipers. Des tirs que les manifestants attribuent aux milices chiites qui contrôlent la ville.

Partager :