Avec notre envoyé spécial à Bassora, Noé Pignède
Un bâtiment carbonisé. C’est tout ce qu’il reste du gouvernorat de Bassora incendié par les manifestants il y a deux mois. Devant, des centaines d’hommes crient leur colère.
La plupart comme Durgan Azubaïdi ont une vingtaine d’années. « Ici, l’eau courante est totalement polluée et nous n’avons pas de travail… La ville est très riche, mais tout l’argent va dans la poche des politiciens et à Bagdad. Et nous, il ne nous reste rien. Nous nous battons pour nos droits, et nous sommes prêts à mourir pour ça. »
Le neveu de Saad el-Kaabi, l’une des seules femmes du cortège, a été tué par les forces de l’ordre le mois dernier alors qu’il manifestait. « Ils tuent nos enfants ! Ils tirent sur le peuple de Bassora qui réclame seulement le droit de vivre dignement. Aujourd’hui, je suis très en colère … Alors, je continuerai de manifester. Je n’ai pas peur. Un citoyen qui descend dans la rue pour ses droits n’a pas à avoir peur. »
Les militants rêvent d’une région indépendante, libérée du joug de la capitale Bagdad. Samir Jalim, 60 ans, est l’un des organisateurs de la marche. « Avant, on nous disait qu’il n’y avait pas d’argent à cause de la guerre contre l’organisation État islamique. Mais maintenant, la guerre est finie ! J’ai 10 enfants. Je crains pour leur avenir. Il n’y a pas d’autres solutions que l’autonomie. Les gens à Bagdad ne savent pas ce dont nous avons besoin à Bassora. »
Depuis le début de ce mouvement citoyen il y a quatre mois, 21 personnes ont été tuées par des snipers. Des tirs que les manifestants attribuent aux milices chiites qui contrôlent la ville.