Pour l'ONU, Damas orchestre «l'apocalypse» en Syrie

C'est un rapport au vitriol, un de plus, qu'a publié le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme. Damas y est accusé de planifier «l'apocalypse» dans le pays. A la Ghouta orientale, où 700 combattants pro-régime ont été déployés en renfort selon l'OSDH, la Russie -également mise en cause par la commission ad-hoc de l'ONU- annonçait ce mercredi matin une nouvelle pause humanitaire mais tous les civils et rebelles se sont pas disposés à plier bagage.  

Le rapport du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le Jordanien Zeid Ra'ad al Hussein, accuse le régime syrien de planifier « l'apocalypse » dans son pays. Depuis sa prise de fonction en 2014, le Haut Commissaire n'a cessé de dénoncer les exactions du régime de Bachar al-Assad. En particulier, dans la banlieue assiégée de la Ghouta, près de Damas.

Les affirmations par le gouvernement syrien qu'il prend toutes les mesures pour protéger les civils sont, selon le Haut-Commissaire, franchement ridicules: quand vous êtes prêts à tuer votre propre peuple si facilement, il est facile de mentir. Des critiques frontales rares de la part d'un officiel des Nations unies qui irritent certains pays occidentaux, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. Le Haut-commissaire a d'ailleurs déjà annoncé qu'il ne briguera pas un deuxième mandat cette année. Si je le faisais, a-t-il dit, cela reviendrait à supplier un genou à terre.

La commission d'enquête dénonce l'implication des forces russes

Hier mardi, c'était la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie -mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU- qui assurait que, après presque huit années de guerre, la violence à travers le pays avait atteint de nouveaux sommets. « Au cours des dernières semaines, la situation à Idlib, dans la Ghouta ou à Afrin, que nous appelions des bombes à retardement dans nos derniers rapports, et bien ces bombes ont explosé. Elles ont entraîné de nouvelles souffrances pour les civils. Encore une fois médiatisé partout dans le monde. Et encore une fois, le monde n'a pas été capable d'agir », déplorait son président Paulo Pinheiro.

De même la commission assurait avoir de bonnes preuves de la responsabilité des forces russes dans le bombardement d'un marché près d'Alep, en novembre dernier. Il avait fait près de 80 morts. Cette commission accusait aussi le régime de Bachar al-Assad d'avoir mené une nouvelle attaque chimique dans la Ghouta, en novembre, à Harasta, rapporte notre correspondant à Genève,

Le mandat de la commission d'enquête doit être renouvelé à la fin du mois par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Depuis sa création en 2011, ses membres n'ont jamais été autorisé à se rendre en Syrie. 

Pour la première fois depuis novembre, un convoi humanitaire a pu pénétrer, lundi 5 mars, dans la zone de la Ghouta assiégée par le régime syrien. La distribution d'aides a été rapidement reportée, à cause de nouveaux bombardements. Mardi, la France et la Grande-Bretagne ont demandé une réunion en urgence du Conseil de sécurité. Cette réunion aura lieu ce mercredi 7 mars.

►Les civils refusent de quitter la Ghouta [témoignage]

Le ministère russe de la Défense a annoncé qu'une nouvelle pause humanitaire débutait dans la poche de la Ghouta orientale et a assuré que certains rebelles retranchés dans cette zone étaient prêts à accepter l'offre de Moscou de partir avec leurs familles.

Une information démentie par les groupes rebelles assiégés. Joint par RFI à la Ghouta, Oussama Al Omari, militant de l'opposition syrienne nous l'assure: les civils rejettent l'exode forcé. « La proposition russe est rejetée. Elle est rejetée aussi bien par les civils que par les factions combattantes. Si les rebelles avaient voulu quitter la Ghouta, ils l’auraient fait avant que ce carnage ne soit commis contre des innocents.
Ici dans la Ghouta Orientale, les gens sont solidaires et attachés aux factions combattantes. Les civils refusent de quitter la Ghouta, ils rejettent l’exode forcé, comme cela a été le cas dans d'autres régions de Syrie.
Et c’est la même chose pour les rebelles... Ils sont ici pour défendre leur famille et leur foyer. Personne ne va abandonner. Personne ne va tourner le dos à tout cela et accepter de sortir de la Ghouta. Tout le monde ici est attaché à sa terre. »

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