L'annonce est du gel des résultats du référendum est tombée vers une heure du matin au Kurdistan, après une nouvelle journée d'affrontements, rapporte notre correspondant à Erbil, Wilson Fache. Le report des élections à 2018, annoncé lui plus tôt, n'est pas une surprise. La semaine dernière déjà les autorités kurdes avaient annoncé qu'elles suspendaient temporairement l'organisation des élections en raison de la crise que connaît la région. Les autorités kurdes vont aussi annoncer prochainement une nouvelle date pour la présidentielle qui devait se tenir le même jour que les législatives.
Une capitulation face à Bagdad ?
Pour le parti au pouvoir, ce n'est pas le moment de tenir des élections alors que la région s'effondre. Et pour cause, depuis une dizaine de jours l'armée irakienne reprend aux Kurdes les territoires qu'ils avaient grignotés depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Les Kurdes perdent des territoires mais aussi des réserves de pétrole. Depuis fin septembre les vols internationaux vers et depuis la région sont suspendus, la caste politique est en train d'imploser et les Kurdes se sentent abandonnés par les puissances occidentales. Il semble qu'ils ne pouvaient plus tenir face aux mesures punitives infligées par Bagdad suite à la tenue du référendum d'indépendance le 25 septembre dernier.
Le gouvernement central parle d'un redéploiement de son autorité, les Kurdes eux évoquent une déclaration de guerre. L'annulation des résultats du scrutin était pour le gouvernement central un préalable à toute négociation. Mais l'offre des kurdes ne signifie pas forcément que les forces fédérales vont subitement arrêter leurs opérations. Bagdad semble bien décidé à reprendre à la région autonome le contrôle des postes frontières avec la Turquie et la Syrie.
Barzani mis en cause
Ces annonces ont été accueillies avec un mélange de soulagement, de frustration, de colère aussi.
Pour les parlementaires kurdes d'opposition, le report des élections et le gel des résultats du référendum sont des décisions fondamentalement antidémocratiques. Si certains accusent Bagdad d'avoir été trop loin, trop violemment, d'autres pointent du doigt l'instigateur du référendum, le président kurde Massoud Barzani.
Certains Kurdes l'accusent d'avoir parié avec le destin du Kurdistan, d'avoir fait une erreur de jugement et d'avoir perdu. Un parlementaire kurde confiait à RFI que cette décision arrivait trop tard. Un jeune travailleur nous expliquait, lui, qu'il se sentait trahi à la fois par les gouvernements irakien et kurde.
D'autres encore accusent le parti au pouvoir d'avoir repoussé le scrutin pour que le président kurde Massoud Barzani puisse continuer à gouverner. Plusieurs partis politiques appellent même à l'abolition de la présidence kurde et veulent des négociations avec Bagdad.