Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
Le visage marqué et les yeux rougis, Mahmoud Sharaf reçoit les condoléances devant sa maison. Ce commerçant de Ras el-Amoud a perdu vendredi l'un de ses fils, âgé de 17 ans. « Nous étions en train de prier devant la mosquée du quartier, dans la rue. Et à peine avions-nous prononcé les dernières paroles de la prière, ils ont commencé à tirer des bombes de gaz lacrymogène », raconte-t-il.
Assis à ses côtés, Yacoub Sharaf, son neveu, évoque alors des jets de pierre sur les forces de l'ordre. Et une foule qui se dispersait. « Tout de suite après, un colon a commencé à tirer sur les gens. Mohamed était en train de courir quand il a reçu une balle dans le cou. Il gisait par terre, je l'ai mis dans la voiture et on l'a emmené au dispensaire », indique-t-il.
Sollicité par RFI, le porte-parole de la police israélienne affirme ne pas être au courant de ce décès. Aucune enquête n'a donc été ouverte. Pour l’oncle de la victime, il s’agit d’une volonté délibérée de ne pas faire la lumière sur ce qui s'est passé. « Bien sûr, ils ne veulent pas endosser la responsabilité d'une enquête. Car ils n'oseront pas donner les réponses à la famille », affirme-t-il.
Depuis vendredi, Ras el-Amoud est l'un des quartiers les plus agités. Pour l'oncle de Mohamed Sharaf, cette « injustice » est l'une des raisons de ces tensions. Les habitants de la colonie concernée, eux, n'ont pas souhaité répondre.