Avec notre envoyé spécial à Alep, Daniel Vallot
Cela fait presque deux mois qu’ils se sont installés dans l’entrepôt désaffecté qui leur sert de refuge. Une simple pièce de béton, quelques matelas dans un coin, et tous les jours l’attente de l’aide alimentaire, qui leur permet de survivre. Aicha, Hussein et leurs sept enfants ont quitté Alep au plus fort de la bataille, évacués par l’armée syrienne juste avant la reprise de leur quartier.
« Nous sommes partis une heure avant le coucher de soleil, raconte Aicha. Ils nous ont dit qu’un passage était ouvert et qu’on pouvait sortir. On a marché jusqu’à la ligne de front où des bus nous attendaient. Il y avait tirs de mortiers dans tous les sens, on a cru mourir plusieurs fois, mais finalement, on a survécu. »
Depuis le mois de décembre, plusieurs milliers de déplacés ont pu quitter le camp et retourner vivre à Alep-Est. Mais Aicha et son mari Hussein font partie de ceux qui ont tout perdu dans la bataille et qui n’ont pas d’autre solution que de rester ici. « Là-bas il n’y pas d’eau, pas de nourriture, témoigne Hussein. Et puis, notre appartement est inhabitable car il a été endommagé par les bombardements. Il faudrait de l’argent pour faire des travaux, mais nous n’avons plus rien. Nous sommes partis avec nos vêtements sur le dos, et c’est tout. »
Aicha et Hussein ne savent pas quand ils pourront partir de cet ancien entrepôt d’usine. Peut-être au printemps lorsqu’il fera moins froid, disent-ils. « Nous pourrons alors nous installer près de notre ancien logement, en attendant de pouvoir le réparer. »