Résolution sur les colonies en Cisjordanie: réactions en Israël et aux Etats-Unis

Habituellement, les Etats-Unis mettent leur veto à ce type de résolution. Mais cette fois-ci, à un mois de son départ de la Maison Blanche, Barack Obama a choisi de s'abstenir. Et le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi 23 décembre un texte condamnant la colonisation israélienne en Cisjordanie et réclamant qu'elle cesse. Une résolution soutenue par les Palestiniens, mais que les Israéliens ont combattu jusqu'au bout. Et, après le vote, ils ne cachaient pas leur amertume, voire leur colère.

Avec notre correspondant à Washington,  Jean-Louis Pourtet, et à Jérusalem,  Guilhem Delteil

Avant de quitter la Maison Blanche, Barack Obama règle ses comptes avec Netanyahu et glisse une peau de banane sous les pieds de Donald Trump qui s’était beaucoup impliqué pour bloquer la résolution.

Ce n’est évidemment pas la version que donnent les membres de l’administration. Ben Rhodes, le conseiller de politique étrangère d’Obama, pour calmer la fureur de la plupart des élus, dit : « Ca n’est pas nous qui avons initié la résolution et nous n’avons pas voté pour. Nous nous sommes simplement abstenus parce que nous sommes en désaccord avec l’accroissement du nombre de constructions dans les territoires occupés, et nous estimons que cela entrave toute chance de reprendre les négociations pouvant conduire à une solution de deux Etats. »

De plus, a souligné Rhodes, la résolution condamne aussi les Palestiniens pour certains actes de violence et de terrorisme contre Israël. Et il a également rappelé que l’administration Obama avait consenti une aide militaire de près de quatre milliards de dollars, plus que pour n’importe quel autre pays, pour les dix prochaines années.

Les élus américains globalement mécontents

Donald Trump avait demandé à l’administration Obama de mettre son veto à la résolution et avait réussi à convaincre le président égyptien de reporter le vote de jeudi, avant que celle-ci ne soit resoumise hier au conseil par quatre autres pays, n’a évidemment pas pris très bien la chose. Dans un tweet, il a prévenu l’ONU qu’à partir du 20 janvier les choses seraient différentes.

Mais il n’est pas le seul à être mécontent. C’est pratiquement l’ensemble de la classe politique américaine qui critique la décision d’Obama. Le futur chef de la minorité démocrate au sénat, Chuck Schumer avait fait campagne pour le veto. Côté républicain, c’est la cannonade: « C’est absolument honteux », dit le président de la Chambre, Paul Ryan qui promet de reconstruire l’alliance avec Israël.

John McCain prédit que cela encouragera les ennemis de l’Etat hébreu. Le sénateur Lindsay Graham veut réduire la contribution des Etats-Unis à l’ONU, ajoutant : « Avec des amis comme nous, Israël n’a pas besoin d’ennemis. » Les Américains lambdas sont partagés, si certains approuvent l’absention, d’autres la dénoncent, tel cet internaute qui sur le blog du New York Times écrit : « Si Obama veut que les démocrates pro-Israël soutiennent Trump, il vient de faire le premier pas. »

« Tragédie » et « honte »

« C'est une soirée triste et tragique », a réagi un ministre israélien. Triste du point de vue de l'entourage de Benyamin Netanyahu car les Etats-Unis ont rompu avec une politique « qui prévalait depuis 1957 », relève ce membre du gouvernement et selon laquelle « il n'y a pas d'alternative autre que des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens ».

Tragique également pour l'exécutif de l'Etat hébreu car cette résolution de l'ONU condamnant la colonisation israélienne, affirme-t-il, éloigne la perspective d'une reprise des négociations et est donc un obstacle à la paix.

Vendredi soir, les responsables israéliens ne cachaient pas leur agacement. Et le bureau du Premier ministre a rapidement annoncé que le pays ne respecterait pas les termes de cette résolution. « Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s'y conformera pas », ont fait savoir les services de Benyamin Netanyahu dans un communiqué.

Benyamin Netanyahu a demandé aux ministre des Affaires étrangères de « réévaluer en l'espace d'un mois » tous les contacts d'Israël avec les Nations unies, y compris le « finacement aux institutions onusiennes, et la présence de représentants de l'ONU en Israël ». « J'ai déjà ordonné d'interrompre le financement de 5 institutions à hauteur de 7,5 millions de dollars, cinq organes particulièrements hostiles à Israël. Mais nous irons plus loin encore », a-t-il prévenu.

« Jour historique »

« Soirée triste et tragique » donc pour les uns, mais « jour historique » pour les autres.

« Il s'agit d'une condamnation internationale unanime », estime le porte-parole de la présidence palestinienne car aucun des 15 membres du Conseil de sécurité n'a voté contre cette résolution.

Quant au numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, le négociateur en chef, il voit dans ce vote un soutien à la naissance d'un Etat palestinien, « seule voie pour la paix ».

Représailles diplomatiques

Après ce vote, Benyamin Netanyahu a ordonné samedi « une série de mesures diplomatiques ». La résolution, initialement proposée par l'Egypte et qui devait être votée jeudi, avait finalement été présentée au vote vendredi à l'initiative de la Nouvelle-Zélande, du Sénégal, de la Malaisie et du Venezuela, après une volte-face du Caire.

En représailles, le Premier ministre israélien a demandé le rappel « immédiat » de ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal pour consultation. Israël n'entretient pas de relations avec les deux autres pays.

Il a également décidé d'annuler la visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères, prévue en janvier, et tous les programmes d'aide dans le pays. Un échec pour la diplomatie d'Israël qui cherche depuis quelques années à tisser des liens avec des pays d'Afrique pour casser la majorité contre lui dans les instances internationales.

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