Syrie: le temps presse à Alep

Depuis trois jours maintenant, c'est le statu quo total à Alep. Plus personne ne sort de la partie Est de la ville encore encerclée par l'armée syrienne. Les opérations d'évacuation entamées le jeudi 15 décembre qui ont permis de faire sortir quelque 8 500 civils ont été suspendues dès le lendemain. Mais ce dimanche, des bus seraient parvenus dans le réduit rebelle pour une reprise des évacuations.

A Alep, les quelque 40 000 civils toujours assiégés dans la zone Est de la cité manquent de tout, d'eau, de nourriture, de médicaments... Une situation d'autant plus difficile à supporter que l'hiver s'est installé avec des températures glaciales la nuit. Les habitants n'ont plus que des immeubles en ruines pour dormir. D'après plusieurs témoignages, ils n'ont plus que des dattes à manger pour subsister.

L'Iran bloque

Pour la rébellion, comme pour l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), c'est l'Iran qui bloque et qui empêche la reprise des opérations d'évacuation.

Téhéran effectivement, fait le lien entre le siège d'Alep et celui de deux localités chiites, Foua et Kafraya, situées dans la région d'Idlib, qui sont, elles, contrôlées par les rebelles. L'Iran, comme Damas d'ailleurs, exigent l'évacuation des quelque 4 000 civils qui s'y trouvent.

Les négociations n'avaient pas abouti jusqu'alors. Certains émissaires, hier samedi, parlaient de l'imminence d'un accord, mais rien ne s'était concrétisé. Mais ce dimanche, un responsable rebelle a affirmé à l'AFP qu'un nouvel accord avait été conclu aux termes duquel l'évacuation d'Alep ainsi que celle de Foua et Kafraya devraient se faire en deux étapes.

Cars incendiés

La télévision publique syrienne rapporte que ce dimanche, plusieurs autocars, où avaient pris place des insurgés et des membres de leurs familles, ont commencé à quitter Alep-Est. Certains cars et des véhicules du Croissant Rouge sont également arrivés à l'entrée des deux villages chiites après l'annonce de l'accord, selon la chaîne de télévision al-Manar.

Mais cinq de ces cars ont été attaqués et incendiés alors qu'ils se rendaient vers les villages de Foua et de Kafraya, dont la majeure partie des habitants sont chiites, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des médias officiels syriens. La télévision nationale a montré des flammes s'échappant d'autocars verts, qui sont devenus synonymes d'évacuations en Syrie.

Selon la chaîne de télévision pro-régime Maïadine, le groupe rebelle anciennement appelé Front al-Nosra est responsable de l'attaque des cars. Mais pour des responsables rebelles, c'est une foule en colère, encadrée peut-être d'éléments pro-gouvernementaux, qui en est responsable.

Pour une source militaire proche du régime syrien, ces incidents ne devrait toutefois pas remettre en cause l'évacuation des rebelles d'Alep.

Vote au Conseil de sécurité

A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer ce dimanche sur un projet de résolution « humanitaire » sur Alep préparé par la France. Ce texte vise à garantir la présence d'observateurs de l'ONU pour superviser l'évacuation de l'enclave encore tenue par les rebelles, et la protection des civils qui y vivent toujours.

Mais l'ambassadeur de la Russie à l'ONU a d'ores et déjà annoncé qu'il opposera son veto à ce projet de résolution. Et Moscou a par ailleurs soumis au Conseil de sécurité sa propre résolution sur la situation à Alep.

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