L’accord d’évacuation d’Alep-Est semble enterré, du moins pour le moment. Le dernier convoi d’une vingtaine de bus qui transportait des rebelles et des civils a fait demi-tour pour les quartiers assiégés après avoir été coincés pendant des heures au passage de Ramoussa, au sud-ouest de la ville.
Le signe le plus inquiétant est le redéploiement des soldats syriens et de leurs alliés en posture de combat dans cette zone, qui marque la ligne de front. Des bulldozers ont érigé des remblais de terre, qui avaient été retirés pour permettre le passage des convois vers les secteurs tenus par les rebelles à l’extérieur d’Alep.
Plus à l’ouest, dans la province de Hama, des bus qui devaient évacuer 1200 blessés et malades des localités pro-régime assiégée de Foua et Kefraya, rebroussent également chemin. Toute l’opération est compromise, analyse notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
L'évacuation des civils de la zone assiégée a été suspendue vers 10h ce matin et chaque partie donne son explication. Une source de sécurité syrienne a accusé les insurgés de n’avoir pas respecté les conditions de l’accord. Des sources du Hezbollah, soutien de Bachar el-Assad, ont précisé, depuis Beyrouth, que les rebelles auraient emmené avec eux des combattants du parti chiite libanais et des soldats syriens, capturés pendant les combats.
9 000 personnes évacuées
Avant l’annonce de la suspension de l’opération, des tirs et des explosions ont été entendus près du point de passage de Ramoussa, au sud-ouest d’Alep, emprunté par les convois qui évacuent les rebelles vers la banlieue de Rachidine et la localité de Khan Toumane, tenues par les insurgés.
Pour le moment plus de 9 000 rebelles et membres de leurs familles ont pu quitter les quartiers assiégés d’Alep. Des milliers d’autres attendent toujours leur tour.
On ne sait toujours pas quand les évacuations vont reprendre à Alep-Est. Le ministère russe de la Défense, a estimé que l'opération était terminée et avait été mené à bien, permettant l'évacuation de tous ceux qui le souhaitaient. Des sources syriennes, du régime et de l'opposition, ainsi que la Turquie, affirment cependant que l'évacuation est suspendue et non pas terminée.
Ban Ki-moon demande la reprise des évacuations
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part appelé vendredi à la reprise urgente des évacuations à Alep « en toute sécurité ». « Les Nations unies mobilisent toutes les ressources et le personnel possibles et demandent aux parties de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre la reprise en toute sécurité de ce processus d'évacuation », a-t-il déclaré à la presse.
« L'ONU se tient prête à faire tout ce qu'il faut à tout moment pour secourir autant de personnes que possible », a-t-il souligné, déplorant la suspension des évacuations « en raison des combats menés par des groupes armés syriens ». « Le carnage en Syrie laisse un trou béant dans la conscience mondiale », a-t-il déclaré en parlant de « faillite collective ».