Avec notre correspondant dans la région, Paul Khalifeh
Trois convois, de 15 à 20 bus chacun, et d’une dizaine d’ambulances transportant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), quelque 3 000 combattants et civils, ont quitté Alep-Est jeudi.
L’évacuation s’est poursuivie jusqu’aux premières heures du matin de vendredi, mais la fin de l’opération n’a pas encore été officiellement annoncée. Près de 120 blessés, rebelles et civils, ont également été évacués.
L’opération est organisée par le Croissant-Rouge syrien et la Croix-Rouge. Des véhicules de l’Unicef et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont été vus sur place, mais les deux organisations ne sont pas directement intervenues.
Les bus sont accompagnés de voitures de la police syrienne et le trajet de 4 kilomètres seulement qu’ils doivent parcourir avant d’arriver à destination dans la banlieue de Rachidine, au sud-ouest d’Alep, est surveillé par des militaires russes.
Selon des habitants interrogés par des journalistes, les rebelles ont détruit une partie de leur matériel et ont mis le feu à leurs permanences afin qu’ils ne tombent pas entre les mains de l’armée syrienne.
L’évacuation de 1 200 blessés et malades des localités pro-régime de Foua et Kefraya, assiégées depuis trois ans par les rebelles au nord-ouest de la Syrie, se déroulaient simultanément.
Alors combien de civils resteront à Alep-Est et quel est le sort qui les attend sur place ? Les sources proches du régime affirment que 300 combattants du groupe Noureddine Zinki et leurs familles ont décidé de profiter de la loi d’amnistie et de na pas quitter les quartiers est. Ils resteront aux côtés de milliers d’autres habitants. 50 000 selon l’ONU, 100 000 selon la Turquie, personne ne le sait exactement.
Ils seront transportés dans la partie ouest de la ville jusqu’à la fin du ratissage et du déminage que l’armée va entreprendre après la prise de contrôle des secteurs est.
Les jeunes appelés au service militaire seront incorporés dans l’armée, comme cela s’est produit ailleurs. Les habitants dont les maisons ne sont pas détruites pourront ensuite rentrer chez eux. Ils vivront toutefois dans des quartiers dévastés et sans infrastructures. Leur seule consolation est que les obus ne leur tomberont plus sur la tête.
■ La caravane solidaire des médecins syriens
Pour les blessés d'Alep, le moindre petit pansement sera utile. Voilà le cri du cœur des médecins syriens réunis à la mairie de Paris. Deux de leurs camions chargés de dons d'hôpitaux (médicaments et matériel de chirurgie) étaient exposés sur le parvis de l'hôtel de Ville. D'ici samedi 17 décembre, ils prendront la route pour la Syrie.
Il en a vu des misères dans sa vie de réanimateur anesthésiste, mais jamais comme en Syrie ! Et le pire, nous explique ce docteur Alissa, c'est que le dernier cessez-le-feu encore bien incertain pour la partie-est de la ville d'Alep ne changera pas la donne, pour l'acheminement des médicaments en tout cas.
Alep-Est est déjà devenue un quartier mort, tous ses habitants sont sur les routes : « C’est du jamais vu depuis la deuxième Guerre mondiale. Il faut qu’on sache malheureusement leur utilisation des vraies armes chimiques. Je parle en 2016, il y avait l’utilisation du chlore. Et là, les malades viennent avec des difficultés à respirer jusqu’à l’étape de brûlures à l’intérieur des poumons. »
A l'approche de Noël, toute solidarité est la bienvenue. L'Union des organisations de secours et de soins médicaux appelle tous les laboratoires pharmaceutiques et les hôpitaux d'Europe à lui faire des dons. Le plus petit pansement est utile en Syrie.