A Bruxelles, le maire d'Alep-Est lance un dernier appel à l'aide

Pour le dernier sommet européen des 28 Etats membres de l'année 2016, la situation à Alep était bien entendu sur toutes les lèvres. Le maire d'Alep-Est a d'ailleurs été reçu par le Conseil européen. Plusieurs chefs d'Etat se sont également déclarés en faveur de la mise en place d'un corridor humanitaire.

Reçu aujourd’hui par le Conseil européen à la demande de la France, le maire d’Alep-Est, Brita Hagi Hasan, a rencontré plusieurs hauts responsables européens et a délivré un message fort. « Je ne vous demande pas de sauver nos rues étroites, nos souks, nos murs, c’est fini, Je ne vous demande pas de faire revenir les vies perdues, c’est fini. Je ne vous demande pas de sauver la liberté, c’est fini, a-t-il déploré. Mais je vous demande une dernière chose. Je vous demande encore de sauver ce qui reste de nos vies, nos femmes et nos enfants, en ouvrant un corridor ».

A côté du président du Conseil européen, Donald Tusk, Brita Hagi Hassan a déclaré à la presse que les « 50 000 habitants d'Alep-Est n'attendent plus que la mort après l'échec de la communauté internationale (...) Des dizaines de massacres sont perpétrés chaque jour. C’est une situation tragique que nous ne pouvons même pas décrire ». « L'Histoire ne pardonnera pas. L'Histoire prend note du silence international face aux crimes contre l'humanité commis en Syrie », a-t-il prévenu. Il a insisté sur l'urgence de faire « respecter la cessez-le-feu » et d'organiser « une évacuation sûre des civils ».

Corridor humanitaire

Une urgence humanitaire et un corridor pour lesquelles plaide également François Hollande. « Si les efforts ne sont pas faits (pour ouvrir un corridor, Ndlr), les régimes qui soutiennent Bachar al-Assad prendront la responsabilité de cette situation extrêmement grave pour les populations. On ne peut pas laisser des femmes, des hommes, des enfants être soumis à des bombardements, enrôlés de force, menacés pour leur sécurité et traités de manière aussi indigne. Il y a un moment où il faut répondre de ses actes, a déclaré le président français avec véhémence. Quand on me demande de parler à la Russie, je parle sans cesse à la Russie ! La Russie prend des engagements qu’elle ne tient pas, alors maintenant il est temps que l’on arrive à cette trêve. »

« Condamner n'est pas suffisant »

Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel est quant à lui pessimiste sur le fait qu’une solution puisse être trouvée lors du sommet, mais il espère aussi la mise en place d’un corridor humanitaire. « Dire tout simplement que l’on condamne n’est pas suffisant. Nous devons aider. Aider surtout à ce que le droit humanitaire soit respecté. C’est que les moyens de l’Europe sont assez limités. Dire ici que l’on trouvera demain la solution est peut-être une utopie, mais que l’on s’engage déjà au niveau de l’aide. L’aide humanitaire, le couloir humanitaire qu’on le fasse rapidement avec les moyens que l’on a. Il s’agit d’un drame humanitaire. Il faut un : aider les gens et deux : poursuivre les gens qui ne respectent pas le droit international. »

François Fillon était également présent juste avant le sommet où il a participé à la traditionnelle réunion des conservateurs européens et rencontré à cette occasion, la chancelière allemande Angela Merkel. Dans une déclaration sur son site internet, il a critiqué la diplomatie européenne et plaidé pour une négociation réunissant tous les acteurs du conflit, y compris les auteurs de crimes.

Déclaration des 28

Les dirigeants des 28 devraient adopter, à l'issue de leur sommet d'un jour, une déclaration condamnant la violence et appelant Damas et ses alliés, dont la Russie, à faciliter l'évacuation des civils. Mais la déclaration ne mentionne pas de sanctions contre la Russie pour son intervention en Syrie.

Le maire d'Alep-Est Brita Hagi Hassan a par ailleurs réclamé que le Conseil de sécurité de l'ONU, dont il a souligné l'incapacité à imposer une trêve humanitaire, retire la « légitimité de ce régime » sur la base des preuves des exactions dont il est accusé. « Ce que nous attendons, ce sont des actes et non des paroles, parce que les enfants d'Alep lancent des cris et attendent d'être sauvés », a-t-il ajouté.

Partager :