Avec notre envoyé spécial à Gaza, Nicolas Ropert
■ Fatigués du duel entre nationalistes et islamistes, des jeunes ont monté plusieurs listes, notamment dans l'enclave palestinienne. Ils disent vouloir parler à leur génération et faire de la politique autrement.
Réunion pour finaliser les derniers détails. Les jeunes de la ville de Gaza et de Beit Hanoun, dans le nord de l'enclave palestinienne, se retrouvent après leur journée de travail. Avocat de 26 ans, Mohammed Khery Dalloul est numéro 2 de la liste à Gaza :
« J'étais frustré de voir cette situation politique à Gaza, dit-il. J'ai vu que personne ne voulait donner leur chance aux jeunes, donc on a décidé de se lancer dans cette élection avec notre propre liste. Personne ne veut améliorer les choses ? Nous voulons vraiment le changement. Nous voulons modifier l'équilibre politique au sein des institutions palestiniennes. Nous sommes prêts à faire de la politique autrement. »
La liste de Beit Hanoun a déjà réalisé une vidéo pour présenter ses candidats. Diffusée sur Facebook, elle a permis de faire connaître le mouvement. En charge de la communication, Fadi Cheikh Youssef veut faire de la politique autrement.
« Nous allons mener une campagne avec tous les standards modernes, explique-t-il. On va utiliser en priorité les réseaux sociaux. On parlera avec des chiffres. On dira ce que l'on peut faire mais aussi ce que l'on ne peut pas faire. On a déjà annoncé des choses faciles comme par exemple repeindre les murs de la ville. Ça c'est concret ! »
Ces deux listes espèrent atteindre la barre des 8% nécessaire pour obtenir au moins un siège au sein des municipalités. Ils veulent que les jeunes soient représentés dans une région où la moitié de la population a moins de 15 ans.
■ Dans l'enclave palestinienne, certains artistes s'engagent dans cette campagne. Certains usent de métaphores pour éviter la censure, d'autres font des séjours réguliers en prison.
Il est devenu une véritable star en quelques mois seulement. Adel Mechoukhi chante sa mélancolie dans des chansons aux accents pop. Mais le chanteur de 32 ans n'hésite pas à dénoncer le Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne depuis une décennie.
« Toutes mes chansons ont un double objectif. Elles ont toutes un sens politique. Je veux dénoncer ce qu'il se passe ici et je n'hésite pas à dénoncer le Hamas. Je n'ai pas peur d'eux. Je ne suis qu'un artiste qui raconte ce qu'il voit et ce qu'il ressent. Comme tous les chanteurs. »
Pourtant, sa popularité ne l'empêche pas d'être régulièrement arrêté par les islamistes pour qui il travaillait avant. Pour éviter la prison, les artistes gazaouis doivent rivaliser d'ingéniosité. Rappeur engagé, Ayman Mghames connaît bien ses techniques.
« Non, je ne suis pas libre. On doit utiliser des métaphores quand on veut critiquer le gouvernement à Gaza ou les dirigeants de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Être artiste à Gaza, ce n'est pas un métier facile. »
Malgré les risques, les artistes de Gaza n'hésitent pas à prendre position sur les réseaux sociaux. Avec les élections municipales, ils espèrent que le débat sera plus ouvert que d'habitude.