« Au moins 20 civils ont été tués par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes turcs dimanche matin sur Jeb el-Koussa, un village au sud de la localité syrienne de Jarbalos », a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, cité par l'AFP. Et 15 autres civils ont trouvé la mort dans des bombardements près du village d'al-Amarné, proche des deux autres. En outre, 70 autres personnes ont été blessées.
Il s'agit du bilan de morts le plus élevé depuis le début mercredi de l'opération « Bouclier de l'Euphrate » visant à chasser le groupe Etat islamique (EI) de sa frontière et à stopper la progression des autonomistes kurdes. D'après l'OSDH, les bombardements turcs se concentrent au sud de Jarablos, ex-fief de l'EI à la frontière turque et première localité à tomber aux mains de rebelles soutenus par Ankara. Jeb el-Koussa est situé à 14 km au sud de Jarablos et est contrôlé par des combattants locaux soutenus par les forces kurdes.
Samedi, des affrontements ont éclaté pour la première fois entre des chars turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers, dans la localité d'al-Amarné, également au sud de Jarablos.
Bombardements nocturnes
Plutôt que de civils, l'armée turque a annoncé avoir tué 25 « terroristes » kurdes dans le nord de la Syrie. D'après la télévision turque NTV, l'artillerie et les avions turcs ont bombardé toute la nuit et dans la matinée des positions des Unités de protection du peuple kurde (YPG), la principale force armée kurde en Syrie.
La Turquie considère le PYD (Parti de l'Union démocratique, principal parti kurde de Syrie) et sa branche armée, les YPG, comme des organisations « terroristes », bien qu'elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les jihadistes, par Washington, l'allié traditionnel d'Ankara.
Avec les premiers civils tués par les bombardements et le premier militaire turc tué au combat ce week-end, l'opération des forces turques entre dans une nouvelle phase, analyse notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette.
La prise de Jarablous aux mains de Daech s'est déroulée sans problème, mais désormais l'offensive se concentre, au sud, dans les villages contrôlées par les forces à majorité kurde qui sont, aux yeux d'Ankara, des « terroristes » à l'instar de Daech. Lorsque l'opération « Bouclier de l'Euphrate » a été lancée mercredi, le Premier ministre Binali Yildirim avait évoqué, une offensive rapide, cependant la résistance des forces kurdes depuis 72 heures semble plus importante que prévu, avec plusieurs conséquences potentielles : une opération peut-être plus longue. Peut-être également plus de victimes que prévu côté turc...
Sans compter les conséquences à l'intérieur du pays : déjà le PKK a multiplié les attaques ces derniers jours, et pourrait passer à la vitesse supérieure, en guise de rétorsion.
(avec AFP)