Syrie: l'aviation de Damas continue de survoler les positions kurdes à Hassaké

Au nord-est de la Syrie, l'aviation syrienne a de nouveau survolé ce samedi 20 août la ville de Hassaké, tenue majoritairement par les forces kurdes, en dépit de la mise en garde américaine contre des frappes pouvant mettre en danger ses conseillers au sol.

Le survol de Hassaké par l’aviation syrienne intervient alors qu’au sol, les affrontements ont baissé en intensité entre les milices kurdes et l’armée syrienne, appuyée par des forces supplétives, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.

Des tirs sporadiques ont encore faire des victimes parmi les civils et les combattants, alors que sur le terrain, les Kurdes, qui contrôlent déjà les deux tiers de cette capitale de la province éponyme, ont avancé dans les quartiers sud de la ville, fiefs du régime.

Les Etats-Unis, qui disposent de 250 conseillers des forces spéciales, dans le nord-est de la Syrie, ont également envoyé des avions pour assurer leur sécurité, mais aucun contact n’a eu lieu entre les appareils des deux pays. La chaine de télévision CNN a annoncé que les Américains avaient évacué certains instructeurs militaires, déployés non loin des zones bombardées par l’aviation syrienne.

L’état-major de l’armée syrienne a accusé les Kurdes de chercher à prendre le contrôle total de Hassaké. Le gouverneur de la province, Zaal Ali, a indiqué que les milices kurdes avaient coupé la route menant à la ville de Qamichli, plus au nord, pour empêcher l’envoi de renforts de l’armée syrienne.

Des sources citées par la chaine satellitaire panarabe al-Mayadeen ont évoqué une médiation entreprise par la Russie pour conclure un cessez-le-feu entre l’armée syrienne et les milices kurdes.

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Les enjeux d'Hassaké

 

Depuis le début du conflit en 2011, l'armée syrienne avaient conservé des positions dans les villes de Hassaké et de Qamishli, séparées de 70 kilomètres et situées dans des territoires contrôlés par les Kurdes. Des escarmouches avaient éclaté à plusieurs reprises entre les deux camps, mais c'est la première fois que des combats de cette ampleur opposent le régime syrien aux combattants kurdes.

Le chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique et spécialiste du Moyen-Orient David Rigoulet-Roze rappelle que Hassaké est un enjeu stratégique majeur autant pour les Kurdes que pour le régime, ce qui explique les vives tensions entre les deux parties.

« La région d’Hassaké et la région de Qamichli sont les deux seules régions kurdes où il y avait encore une présence effective du régime de Damas. Cela va soulever des questions importantes pour l’après Daech : une fois que Raqqa tombera et que les positions kurdes seront renforcées se posera évidemment la question du partage territorial. Il est clair qu’à ce moment-là les intérêts de Damas et ceux des Kurdes, qui pouvaient coïncider ponctuellement jusqu’à présent, ne coïncideront plus. »

Mais si pour le moment, il y a bien des intérêts qui coïncident, ce sont ceux des Etats-Unis et des Forces démocratiques syriennes, composées en majorité de kurdes, explique le chercheur.

« Les Américains pensent que les Kurdes sont la seule force militaire fiable pour défendre leurs intérêts. Du point de vue des Américains la carte kurde est la carte essentielle dans la lutte contre l’EI au sol. Et donc effectivement il s’agit de protéger les Forces démocratiques syriennes, majoritairement composées de kurdes. De ce point de vue-là, il s’agit de montrer aussi au régime de Damas qu’il n’est pas question de poser des problèmes aux Kurdes. »

 

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