Iran: couples infertiles, fécondations artificielles et interdits religieux

L'infertilité a fortement augmenté ces dernières années en Iran. D'après une étude de 2012, un couple d’Iraniens sur cinq a des difficultés pour avoir un enfant après un an de tentatives. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il s'agit d'un taux supérieur de 5 à 8% à la moyenne mondiale. Les dignitaires religieux ont donné des instructions pour faciliter le recours à la fécondation artificielle.

De notre correspondant à Téhéran,

Les experts estiment que la forte infertilité des couples iraniens est due à la pollution de l’air et à une mauvaise alimentation. Environ trois millions de couples sont incapables d’avoir un enfant. L'infertilité masculine a fortement augmenté ces dernières années et les médecins ont observé des ménopauses plus précoces chez les femmes.

Les experts mettent en cause la pollution de l’air à Téhéran mais aussi dans les principales villes du pays. A Téhéran, l'index de la qualité de l'air peut dépasser les 200 points, alors que la norme considérée comme acceptable par l'Organisation mondiale de la santé se situe entre 0 et 50 points. Outre les usines et les voitures très polluantes, d'autres facteurs peuvent expliquer la situation. Les Iraniens consomment beaucoup de restauration rapide comme des pizza ou des hamburgers et la qualité de l’eau n’est pas toujours très bonne.

La fécondation artificielle facilitée mais avec des restrictions

Les dignitaires religieux ont publié des avis officiels pour faciliter la fécondation artificielle. Mais il existe des restrictions. L'utilisation du sperme d’un homme, autre que le mari, dans l’utérus d’une femme est interdite. En revanche, l'utilisation des ovules d'une autre femme est moins controversée. Il existe actuellement 60 centres de traitements de l’infertilité, dont la moitié sont privés. Ce qui veut dire que le pays a seulement la capacité de procéder à 40 000 fécondations in vitro par an.

Une fécondation in vitro coûte environ 2 000 dollars ou 1 800 euros. Ce qui représente cinq fois le salaire mensuel d'un employé. C’est d’autant plus coûteux que les couples ont quelquefois besoin de plusieurs tentatives avant de réussir. Malgré ce coût élevé, les demandes de fécondation artificielle sont en hausse. Par exemple la clinique publique Avicenne prévoit d’augmenter ses capacités d’accueil de 15% car la demande reste forte.

Fécondation avec le sperme d'un autre homme, un sujet tabou

Malgré l’attitude plutôt progressiste de la République islamique, la société reste traditionnelle. Et certains sujets sont encore tabous. Plusieurs personnes ont en effet eu des problèmes d’héritage à cause d’une fécondation artificielle, affirmant que l'enfant né grâce à ces nouvelles méthodes était un étranger.

Partager :