Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Les discussions sur la Syrie au Conseil de sécurité de l’ONU sont le plus souvent tendues. La Russie, qui soutient toujours le régime de Bachar el-Assad, diplomatiquement et sur le terrain, dénonce l’insistance de l’opposition syrienne à réclamer le départ du président. Une exigence qui pourrait faire capoter la reprise des pourparlers de paix.
Mais au moins, Moscou se dit prêt à favoriser une livraison d’aide humanitaire à Alep. La situation de la ville est justement au cœur des débats actuels et l’ONU réclame désespérément un cessez-le-feu de 48h par semaine pour pouvoir atteindre les victimes.
Blocage
« Aucun de nos convois n'a pu passer par la route menant à Alep en août, regrette Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires. Ce n’est évidemment pas conforme à ce qui avait été décidé pour ce mois-ci. Mais la situation sécuritaire est bien trop difficile. Les travailleurs onusiens et nos partenaires humanitaires sont vraiment déterminés sur le terrain. Mais ils ont beau être courageux, ils ne sont pas suicidaires. »
La Russie propose l’ouverture de couloirs humanitaires. L’ONU assure que tout est prêt pour venir rapidement en aide aux populations, mais souhaite un engagement ferme de toutes les parties. Quant aux diplomates occidentaux, Etats-Unis et France en tête, ils font désormais de l’accès de l’aide humanitaire un préalable à toute discussion politique.
Alep coupée en deux
Pendant ce temps, sur le terrain, l'inquiétude grandit chez les habitants d’Alep. Après la percée des rebelles ces derniers jours, l’armée du régime et ses alliés ont reçu des renforts, laissant craindre de nouveaux affrontements.
Alep est coupée en deux, entre secteur contrôlé par le pouvoir syrien et quartiers rebelles : environ 1,5 million d’habitants au total. L’ONU appelle à un accès humanitaire immédiat. « La situation est très préoccupante, notamment parce que cette intensification des combats à Alep vient de détériorer le réseau électrique, ce qui a eu pour conséquence de stopper le pompage de l'eau courante dans la ville et donc de sa distribution », explique Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef (le Fonds des Nations unies pour l’enfance) à Genève.
Conséquence : « environ 2 millions de personnes, dont des centaines de milliers d'enfants, se retrouvent sans eau courante, souligne-t-il. Cela en pleine vague de chaleur. Ce qui est très inquiétant, notamment pour les plus vulnérables qui risquent d'attraper des maladies hydriques, des diarrhées, qui sont un facteur important de décès des enfants, notamment ceux de moins de 5 ans ».