de notre correspondant à Beyrouth,
Seifeddine Tahhane est un webdesigner de 26 ans, originaire de la province de Damas. Il a quitté son pays en septembre 2011, six mois après le début de la crise. Il s’est d’abord rendu en Arabie saoudite, puis en Egypte, avant d’atterrir au Danemark. S’il est parti physiquement de son pays natal, « son cœur et ses pensées sont restés en Syrie », affirme-t-il.
Une idée plus qu’un jeu
Pour attirer l’attention du monde sur les souffrances endurées par les Syriens, Seifeddine Tahhane dispose de deux armes : son talent et de la visibilité fournie par les réseaux sociaux. Ainsi, il s’est inspiré de l’incroyable engouement provoqué par Pokemon Go pour créer Syria Go, qui est plus une idée qu’un jeu.
Il s’agit d’images d’objets fondamentaux nécessaires aux Syriens pour survivre, avec en arrière-plan de vraies photos des drames vécus par la population. Au lieu de capturer les créatures de Pokemon Go, des migrants dans une embarcation de fortune doivent ainsi saisir une bouée. On peut voir aussi une maison neuve au milieu d’une ville en ruine, ou encore une boîte de premiers secours dans une rue dévastée par les combats. Seifeddine Tahhane a créé ses photos pour délivrer son message. Selon le jeune webdesigner, si tout le monde est lassé par la guerre en Syrie, « cela ne signifie pas que la souffrance des Syriens doit être oubliée ».
Seifeddine Tahhane gagne son pari
Les photos de Syria Go ont été partagées des milliers de fois sur Facebook et des médias du monde entier se sont intéressés à son travail. Il a même reçu une invitation pour participer à une conférence des Nations unies, organisée le 24 septembre prochain, autour de la question des réfugiés. Son œuvre sera exposée et les dons recueillis seront consacrés à l’aide aux réfugiés. Seifeddine Tahhane organisera d'ailleurs une exposition à Copenhague, pour recueillir des fonds afin d’aider les enfants syriens.
Le jeune webdesigner syrien a même révélé à RFI avoir reçu des propositions de financement pour transformer Syria Go en un jeu vidéo ou en application pour Smartphone. Il a cependant décliné ces offres, car il s’oppose à la marchandisation de la souffrance des Syriens.