Attentat en Irak: démission du ministre de l'Intérieur dans un climat de colère

Le ministre irakien de l'Intérieur a présenté sa démission deux jours après un attentat qui a fait plus de 200 morts à Bagdad. Trois jours de deuil ont été déclarés dans le pays. Les deux explosions ont été revendiqués par l’organisation Etat islamique. Pourtant, les autorités irakiennes clament chaque jour que le groupe EI est bientôt vaincu. Ces explosions ont provoqué la colère des Irakiens, qui ont accusé leurs élus de corruption et d’inefficacité.

Deux jours après l'attentat qui a fait plus de 200 morts à Bagdad et face à la colère de la population, le ministre irakien de l'Intérieur a présenté ce mardi sa démission. En juin, déjà, il avait avoué à l'agence Reuters son impuissance à protéger la population, expliquant que les attentats ne cesseraient pas tant que le désordre règnerait au sein des services de sécurité en Irak. Mohamed Ghabban regrettait de n’avoir aucune autorité sur certains organismes de sécurité régionaux ou encore dépendant du ministère de la Défense, et même être en porte à faux avec les services antiterroristes de son propre ministère.

Le quartier de Karrada, où la plus forte explosion a eu lieu, est toujours bouclé. Et on y cherche encore des corps. Quatre-vingts corps retrouvés sont si brûlés qu'il faudra des tests ADN pour les identifier. Depuis dimanche, les Irakiens accusent leurs autorités d’incompétence, indique notre correspondante dans la région Angélique Férat.

Comment peut-on amener une telle quantité d’explosifs dans Bagdad ? C’est la question. Pour calmer le jeu, le Premier ministre Haidar al-Abadi a annoncé l’achat de camions scanners pour vérifier les véhicules aux portes de Bagdad. Il a aussi annoncé le retrait des détecteurs manuels d’explosifs. Depuis 2011, on sait qu’ils ne fonctionnent pas, mais ils étaient toujours utilisés. Cinq condamnés à mort pour terrorisme ont été exécutés en réponse aux attentats.

Sur les réseaux sociaux, les Irakiens postent les photos des familles décimées par les attentats. Et ils posent cette question : jusqu’à quand cette violence va-t-elle durer ? Aujourd'hui, l’organisation Etat islamique perd du terrain et les attentats, en retour, repartent à la hausse. Le problème, c’est que la lutte contre l'EI n’est pas seulement militaire et sécuritaire. Il n'y a par exemple eu aucune mesure de réconciliation avec la communauté sunnite.

Discriminée et malmenée depuis 2003, elle est aujourd’hui collectivement punie pour avoir « soutenu » l'EI. Dans les régions libérées par l’armée irakienne et les milices de volontaires, les exécutions sommaires et les destructions systématiques des maisons ou des biens sunnites ont encore un peu plus creusé le fossé entre les autorités de Bagdad et cette population.

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