Avec nos correspondants à Jérusalem, Murielle Paradon et Michel Paul
Moshe Yaalon a annoncé sur son compte Facebook qu’il démissionnait, en employant des termes tranchés : « Vu le comportement du Premier ministre et les récents évènements, compte tenu du manque de confiance que j’ai en lui, je démissionne et je fais une pause dans ma vie politique ». Ses désaccords avec Benyamin Netanyahu étaient notoires. Moshe Yaalon affirme vouloir marquer une pause dans sa carrière politique.
« Je n'ai pas l'intention de quitter la vie publique et politique. Et dans le futur, je poserai ma candidature à la direction nationale. A mon grand regret des éléments extrêmistes et dangereux s'emparent de notre pays et aussi de notre mouvement, le Likoud. Ce n'est pas le Likoud auquel j'ai adhéré. Celui de Zeev Jabotinski et de Menahem Begin. Malheureusement des dirigeants politiques ont choisi la voie de l'incitation à la haine et à la division de la société israélienne au lieu d'oeuvre pour la réunification. Je suis inquiet pour l'avenir d'Israël. Et je continuerai le combat. Car nous nous n'avons pas d'autre pays ».
Un trublion au gouvernement
Moshe Yaalon avait appelé récemment les hauts gradés de l’armée à dire ce qu’ils pensent même si cela contredit le pouvoir politique. Cela lui avait valu un sérieux rappel à l’ordre de la part du Premier ministre. Benyamin Netanyahu n’avait pas apprécié non plus que Moshe Yaalon prenne la défense du chef d’état major adjoint de l’armée, Yaïr Golan, qui avait osé comparer la société israélienne d’aujourd’hui avec l’Allemagne nazie. Et le ministre avait également condamné le comportement d'un militaire qui avait tiré une balle dans la tête de l'auteur d'une attaque au couteau alors que celui était au sol hors d'état de nuire. Moshe Yaalon, qui s’est affiché comme le défenseur d’une certaine morale, a mis en garde contre des dérives extrémistes en Israël.
Son poste de ministre de la Défense pourrait être donné à Avigdor Lieberman, en tractation actuellement avec Netanyahu. Selon un sondage une majorité d'israélien est en faveur de l‘entrée de son parti au sein de la coalition mais 46 % s'oppose à ce que M. Liebermann devienne ministre de la Défense. Figure de l’extrême droite populiste, ce dernier n'a pas l’expérience de Yaalon dans les affaires militaires. Le ministre sortant était un ancien chef d’Etat major de l’armée.
« Un bon calcul »
« Ce n’est un secret pour personne que depuis un certain temps que Benyamin Netenyahou et le ministre de la Défense ne s’entendaient plus du tout parce qu’ils représentent deux optiques très différentes », analyse Ilan Greilsammer. Selon le politologue israélien, Moshe Yaalon est « un personnage bien que de droite très légaliste, très respectueux du droit et de la légalité, très respecté par l’armée et neta voulait s’en débarrasser. Il le gênait ».
« Est-ce que c’est un bon calcul ? Je n’en suis pas sûr du tout. Ce ministre de la Défense qui est unanimement respecté dans le pays s’ajoute à une longue liste de personnages politiques importants que N a renvoyé ou humilié », conclut-il.