Avec notre envoyé spécial, Olivier Fourt
La guerre contre l’organisation Etat islamique (EI) est avant tout une guerre de renseignement et un exercice de patience. Comme l’explique le colonel Denis, adjoint au renseignement de l’opération française Chammal, « il faut compter un à deux mois pour transformer un point d’intérêt en un objectif qui sera frappé par un avion. Donc il faut accumuler beaucoup de renseignements, notamment de vidéos de drones ».
Des dizaines d’heures à tourner au-dessus d’une maison suspecte, observer une usine, une mosquée pour être sûr de ce qui se cache réellement à cet endroit. « Les membres de Daech utilisent beaucoup les mosquées comme zone de rassemblement ou zone de cache d’armes, parce qu’ils savent très bien que nous ne frappons pas les mosquées. Et actuellement, ils se déplacent avec femmes et enfants », explique le colonel.
L’EI a perdu 30 000 combattants depuis le début des frappes de la coalition
Selon la coalition, l’EI a perdu 30 000 combattants depuis le début des frappes. Le flux de combattants étrangers a quasiment été divisé par deux, assure une source militaire française. Même dans les villes placées sous sa coupe, l’EI commence à perdre de l’influence, assurent les militaires français. « Nous avons également, même au sein de Daech, des cas de désertion, des tensions entre les combattants étrangers et les Irakiens », affirme le colonel Denis.
La coalition affirme que l’EI a abandonné 40% de son territoire de 2014, mais l’organisation tient toujours fermement ses bastions de Mossoul et Raqqa. « On a essayé de se spécialiser sur leur zone de Raqqa, explique le colonel Denis. On frappe également tout ce qui sert à la vie de Daech, notamment à la fourniture de ses revenus [comme les] plusieurs centaines de micro-raffineries dispersées sur le paysage. » Selon une source militaire française, près de 600 camions-citernes auraient été détruits afin d’endiguer le commerce du pétrole de contrebande.