Les bombardements de structures médicales sont régulièrement dénoncés devant les instances internationales, et notamment le Conseil de sécurité des Nations unies mais c'est la première fois que le Conseil adopte une résolution spécifique.
Ce vote intervient après plusieurs affaires qui ont ému l'opinion publique internationale. Une clinique a été détruite vendredi dernier à Alep, dans le nord de la Syrie, quatre jours après le bombardement de l'hôpital al-Qods de cette ville par le régime syrien qui a fait 25 morts. Les médecins restés dans la ville ont publié dans le quotidien Le Monde une tribune libre le 30 avril. Et en octobre 2015, un raid américain sur un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz en Afghanistan avait fait 42 morts.
Pour Françoise Saulnier, directrice juridique de Médecins sans frontières, dont plusieurs structures ont été touchées ces derniers mois dans des zones de conflit, cette résolution des Nations unies n'est « absolument pas » suffisante même si elle a été accompagnée de prises de parole de la présidente de MSF et du président du comité international de la Croix-Rouge. « Les résolutions du Conseil de sécurité sont violées tous les jours donc on ne peut pas vous dire : on est extrêmement heureux parce qu'une résolution est votée. Mais elles participent de la reconnaissance que les Etats membres du Conseil de sécurité sont eux-mêmes confrontés à un défi.
Ou bien ils acceptent de réduire leur propre emploi de la force dans notamment cette guerre contre le terrorisme ou bien ils assument que les hôpitaux sont aujourd'hui le nouveau champ de bataille de cette guerre. C'est une responsabilité politique, morale et sécuritaire majeure », conclut Françoise Saulnier.
Rappelons que dans l'affaire de l'hôpital américain de Kunduz, une enquête militaire américaine a récemment conclu qu'il n'y avait pas de crime de guerre. L'an dernier, MSF a recensé 94 attaques contre des hôpitaux et cliniques qu'il soutient en Syrie. Trois établissements de soins soutenus par MSF au Yémen ont aussi été bombardés depuis six mois.