Avec notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan
Mashrou' Leila est un groupe de rock alternatif très populaire, engagé dans la défense des libertés individuelles : croyance, liberté sexuelle, etc. Les musiciens ont plusieurs fois joué en Jordanie dans les années passées, l'interdiction du concert crée la surprise. « Ca fait maintenant huit ans que le groupe joue dans tous les pays arabes avec la même liberté, sans jamais qu’on ne se soit posé la moindre question, ni sécuritaire ni même morale, par rapport aux pays dans lesquels on joue. Et le public ne fait que grandir, ce qui veut bien dire que le groupe est accueilli avec de plus en plus de ferveur », explique Karim Ghattas, le manager.
Pour le groupe, l'interdiction du concert révèle le poids des plus conservateurs. Dans les médias, des responsables jordaniens accusent Mashrou' Leila d'inciter à la rébellion, de faire l'apologie de l'homosexualité, et même du satanisme. « Ils ont mis de côté les cinquante chansons de notre répertoire et ils ont isolé quelques mots d’une chanson et se sont basés sur ça pour nous interdire de jouer en Jordanie. Dans toute la région, il y a de plus en plus de censure », confie Carl Gergès, batteur du groupe.
Une censure qui inquiète : Mashrou' Leila espère que la décision d'Amman ne va pas faire boule de neige dans la région. Les musiciens ont en tous cas reçu de nombreux signes de soutien, de fans ou d'artistes.